Salon de l'Agriculture : en perte de vitesse, la filière bio française est-elle vraiment en crise ?

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Après plusieurs années de croissance, la filière BIO connaît en ce moment un ralentissement. Mais peut-on réellement parler aujourd’hui de crise de la BIO ? Un reportage de Camille Nowak et Morgane Knoll. ©France télévisions

Après plusieurs années de croissance, la filière bio connaît en ce moment un ralentissement. Entre le souci de manger mieux et le besoin de moins dépenser dans l'alimentation, le porte-monnaie des consommateurs balance.

Dans les enseignes d'alimentation bio, les paniers sont de moins en moins remplis. Les consommateurs seraient-ils en train de réduire leurs achats dans ce domaine ?

Dans un magasin spécialisé de Saint-Jean-d'Angély en Charente-Maritime, les avis sont mitigés. Quelques légumes dans les mains, ce client ne mise pas tout sur le bio : "C’est un complément sur les courses de la semaine", confie-t-il. "Je n'achète pas tout en magasin bio, je me fournis dans d’autres magasins." Pour une autre, ces boutiques sont un bon moyen pour n'acheter que l'essentiel : "Si je vais dans un grand supermarché, je peux me laisser tenter par d’autres choses."

On est dans l’ajustement d’une jeune filière qui a cru sortir de sa niche un peu vite

Camille Moreau

Directeur de la CORAB, coopérative bio

L'achat de produits bio reste un choix, pour lequel s'affrontent santé et porte-monnaie. Dans les rayons, une jeune femme sélectionne les produits qu'elle consomme le plus, avec l'objectif d'éviter tout pesticide : "J'étais en train de me faire un petit plaisir, je me prends une tisane", sourit-elle. "C'est des choses que je fais beaucoup plus rarement, mais quand même de temps en temps."

Un équilibre économique à consolider

Des plaisirs de plus en plus rares en raison notamment de l’inflation : le bio a un coût que de nombreux Français et Françaises ne peuvent désormais plus financer.

Tout n'est pourtant pas perdu, selon Patrick Forget, agriculteur bio installé depuis huit ans à Saint-Félix (17). Il arrive à stabiliser ses ventes alors pour lui, il n'y a pas de raison de s’inquiéter. "J’ai la chance de vendre avec une coopérative qui a fait des contrats avec des clients depuis plusieurs années, ce qui nous permet de continuer à valoriser nos céréales", explique-t-il. "Il faut qu’on soit à l’écoute des besoins des clients pour ne pas surproduire."

Il faut qu’on soit à l’écoute des besoins des clients pour ne pas surproduire.

Patrick Forget

Agriculteur bio

Produire la quantité juste pour la vendre ensuite à un bon prix est un casse-tête quotidien pour Camille Moreau. À la tête de la CORAB, une coopérative 100% bio, il a dû se résoudre à vendre une partie de son tournesol en conventionnel car d'après lui, pour la filière de l'huile, le marché est largement excédentaire : "Il y a beaucoup plus de graines disponibles que de besoins des huiliers", affirme-t-il. "Le principe c'est de se dire qu'on ne va pas dégrader la valeur de la filière, c'est-à-dire que si j'avais dû vendre le tournesol en bio, il aurait fallu que je le vende très peu cher pour doubler un de mes concurrents ou un de mes collègues."

Pour autant, Camille Moreau se refuse à parler de crise : "On est dans l’ajustement d’une jeune filière qui a cru sortir de sa niche un peu vite, et qui a besoin de ressortir pour avoir une croissance raisonnable. La production a augmenté de 20% quand la consommation n'a augmenté que de 10%."

Pour soutenir la filière bio, le gouvernement a annoncé fin 2023 une aide de plus de 30 millions d’euros à destination des agriculteurs.

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