La présidente de la région Poitou-Charentes s'est déclarée "radicalement hostile" à la suppression du délit de racolage passif inclu dans le projet de loi sur la lutte contre la prostitution. Une position radicalement inverse de celle prônée par les associations de défense des prostitué(e)s.
"Je suis tout à fait hostile, mais radicalement hostile, à la suppression du délit de racolage passif", a déclaré Ségolène Royal en répondant à une question de nos confrères de BFMTV.
Selon elle, une telle disposition aurait pour effet de faire revenir les prostituées dans les rues et profiter directement aux proxénètes.
"Sous prétexte de protéger des victimes, on va encourager et avantager les proxénètes", a poursuivi Ségolène Royal.
Tout en se déclarant favorable à la sanction de la clientèle de la prostitution, l'ancienne candidate à la présidentielle a estimé que le moment pour un tel projet de loi était inapproprié. "Je ne pense pas que c'est utile en ce moment de se disperser sur des sujets polémiques. C'est pas le moment d'aller mettre le débat public sur une question comme celle-ci, qui est difficile".
La proposition de loi socialiste "renforçant la lutte contre le système prostitutionnel", et prévoyant notamment de pénaliser les clients des prostituées, sera examinée par l'Assemblée nationale les 27 et 29 novembre, Le texte abroge aussi le délit de racolage passif, qui a été institué par la loi pour la sécurité intérieure adoptée par le parlement, le 18 mars 2003.
A l'époque, de très nombreuses associations de défense de travailleuses du sexe avaient alerté sur les dangers que représentait ce nouveau dispositif. En obligeant les prostitué(e)s à quitter le trottoir, de nombreuses professionnelles se sont retrouvées dans des appartements. Une prostitution cachée mais non moins réelle avec la peur de l'agression qui côtoie la peur des risques sanitaires.
Le collectif Droits et prostitution avait alerté sur cette facette du métier, en indiquant que "les risques de contamination au VIH devenaient importants". A Poitiers, l'association En Tous Genres est en désaccord avec la position revendiquée par Ségolène Royal. Son président, David Allizard, attend la fin des travaux de l'Assemblée nationale pour dire si le nouveau texte de loi propose des avancées significatives pour les travailleurs du sexe.
Dans le Code pénal, cette infraction est prévue à l’article 225-10-1 :
« Le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération est puni de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende. »
Le délit de racolage est ainsi élargi et intègre désormais le racolage passif et aggrave cette infraction en la transformant en délit.