Ryanair rembourse La Charente, l'avion immobilisé redécolle de Bordeaux

Le département de la Charente a contraint un avion de Ryanair à rester au sol, en attendant que la compagnie irlandaise règle sa dette auprès de la collectivité. Une action choc et efficace. Explications.

Clap de fin dans la polémique Ryanair/Charente. La société à bas coût vient d'effectuer un virement de presque 525 000 euros au département. L'avion immobilisé a ainsi pu redécoller ce vendredi, à 12 h 30.

La veille, jeudi 8 novembre, un huissier, mandaté par la direction générale de l’aviation civile (DGAC), pour le compte du département de la Charente avait fait saisir un avion de Ryanair sur le tarmac de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Une première en France. Depuis 2014, la compagnie low-cost devait 525 000 euros au Conseil départemental, conséquence de sa condamnation à rembourser des aides illégales perçues entre 2008 et 2010.

Ryanair et la Charente : l'histoire d'un divorce

En 2008, Ryanair ouvre une ligne commerciale entre Londres et l’aéroport d’Angoulême-Cognac. En contrepartie, le département de la Charente s’engage à verser à la société irlandaise 965 000 euros d'aides. Mais en 2010, la compagnie Ryanair décide de quitter l'aéroport de Brie-Champniers (16) car le département refuse de lui accorder une nouvelle aide financière de 175 000 euros. Une somme non prévue dans le contrat qui liait la compagnie low-cost et la Charente.
 
Depuis, suite à une décision de la commission européenne de juillet 2014, Ryanair a été condamné à reverser ces aides jugées illégales, soit près d’un million d’euros. Problème : Ryanair n'avait remboursé que 512 000 euros, et avait gardé le reste au titre de dommages intérêts pour rupture abusive de contrat.
 
Lasse de ne rien voir venir, la collectivité avait ainsi employé les grands moyens : l'avion assurant la liaison pour Londres Stansted est donc resté cloué au sol un peu plus de 18 heures. Conséquence de cette saisie :  les 149 passagers, qui devaient embarquer jeudi soir, n'ont pas pu décoller.  

"90 euros la soirée, c'est 3 fois le prix du billet"

Parmi les voyageurs, Tiphaine Delplanque. Cette Bordelaise avait réservé pour le week-end à Londres avec une amie et est aujourd'hui très en colère contre Ryanair : "Nous avons attendus presque deux heures sans avoir la moindre information. Dans la salle, il y avait des personnes âgées et des enfants. Ce sont les policiers présents sur place qui nous ont expliqué qu'il s'agissait d'une saisie sur ordre de la justice. Il n'y avait personne de la compagnie." Finalement, les voyageurs réussissent à prendre un vol, cinq heures plus tard et arrivent à Londres à 3 heures du matin, au lieu de 18 h 50 initialement prévu : "Après ça a été une cascade. On avait réservé des navettes mais à cette heure-là de la nuit, il n'y avait plus rien. Au final, la soirée nous a coûté 90 euros à deux, trois fois le prix du billet aller-retour. C'est scandaleux."

Les politiques réagissent, et s'affrontent

Autres réactions avec les politiques. "On ne peut que se féliciter de l'issue de ce long contentieux", a commenté François Bonneau, président du conseil départemental de la Charente. Une phrase qui n'a pas plu à Nicole Bonnefoy, conseillère départementale et sénatrice de la Charente, comme elle le fait savoir par communiqué : "Je déplore que Monsieur Bonneau essaye aujourd'hui de s'arroger les lauriers de cette procédure qu'il avait contestée en son temps, puisqu'il était l'un des avocats les plus zélés de cette compagnie lorsqu'elle opérait sur l'aéroport d'Angoulême-Cognac. Le paiement qui est intervenu aujourd'hui clôture une procédure longue que j’avais initiée en tant que Présidente du SMAC et qui rétablit le Syndicat et les collectivités qui le financent dans leur droit." Une polémique donc qui n'a fini pas de faire parler. 
 
Le reportage de Marie-Noëlle Missud et Alexandre Liégard :
Interlocuteur : François Bonneau, président du Conseil départemental de la Charente.
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