En Europe, le recyclage du papier est en pleine crise. Depuis la décision de la Chine de ne plus importer les déchets européens, des tonnes de papier et de carton à recycler s'entassent dans les entreprises de tri françaises. C'est le cas au centre de tri Atrion de Mornac en Charente.
En 2018, la Chine, décidée à ne plus être l'usine de recyclage du monde, a fermé ses frontières à l'importation des déchets dont les papiers et cartons. Ces importations ont complètement cessé en 2019 et rapidement les centres de tri européens se sont retrouvés face à des tonnes de papier et de cartons à recycler qu'ils ont été obligés de stocker, faute de trouver des débouchés. Jusqu'alors la Chine traitait 50% des déchets européens.
C'est le paradoxe de la réussite du tri par les Français. Dans l'hexagone, près de 80% des papiers et cartons sont triés et récupérés, mais les papeteries françaises ne peuvent pas absorber tout ce stock de papier à recycler. Conséquence, il doit être stocké et le marché est complètement asphyxié ce qui a entraîné une chute brutale des prix. Le cours du papier à recycler a chuté de moitié en un an, le carton plus rentable est privilégié sur les chaînes de tri.
Au centre de tri Atrion/Calitom de Mornac, les tonnes de déchets de papier stockées à l'intérieur mais aussi à l'extérieur des bâtiments commencent à poser problème notamment pour des raisons de sécurité et d'autorisation préfectorale.
Ça commence à poser de réels problèmes d'exploitation sur le site. Le premier c'est le risque d'incendie car on est obligés de stocker des quantités de matières premières bien plus importantes que ce que nous autorise notre arrêté préfectoral et puis le deuxième, c'est la circulation des engins sur le site.
François Filippi, directeur général exploitation du centre de tri Atrion
"Un non-sens écologique"
A Mornac, le papier représente presque la moitié des volumes traités par le centre de tri. Pour les responsables du site, il va devenir urgent de trouver une solution. De leur côté, ils ont multiplié en vain les démarches pour dénicher de nouveaux industriels capables de traiter leurs stocks de papier à recycler.Au-delà des problèmes environnementaux qui se posent à la filière, la situation entraîne aussi une baisse importante des recettes. Elle est évaluée à 1 million 30000 euros à Mornac.Nous avons interpellé la préfète pour voir dans quelles conditions, il serait possible de les enfouir de manière très temporaire mais c'est un non-sens écologique, un non-sens environnemental et puis c'est la négation d'un geste citoyen qui est celui du tri.
Michel Coq, président de Calitom, le service public de déchets en Charente