Déchèteries en grève : "Il m'a attrapé par la gorge, m'a étranglé et insulté", un agent raconte son agression

Les sept déchèteries de Caen la mer sont fermées au public ce samedi 23 novembre 2024, en raison d'un mouvement de grève de ses agents. En cause, les agressions verbales et physiques "trop fréquentes" sur leur lieu de travail. Témoignage de l'un d'entre eux.

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"La déchèterie est fermée aujourd'hui messieurs dames !" La même phrase tourne en boucle dans la bouche des agents rassemblés devant la déchèterie de Colombelles, à proximité de Caen, ce samedi 23 novembre. Les camionnettes et voitures défilent dans un ballet incessant, à leurs volants, des usagers découvrant qu'une grève a lieu aujourd'hui sur les sept sites de Caen la mer, une communauté urbaine qui regroupe 48 communes du Calvados.

Depuis plusieurs années, les agents d'accueil des déchèteries la communauté urbaine de Caen la mer dénoncent les agressions verbales et physiques qu'ils subissent sur leurs lieux de travail.

La semaine passée, Kevin James, agent de Bretteville-sur-Odon, a été agressé physiquement par un usager. La goutte de trop pour lui et ses collègues.

Une plainte déposée

"Un usager est arrivé à la déchèterie en forçant le passage, il n'a pas voulu s'arrêter ni donner ses documents", retrace de mémoire Kevin James. "Il nous a insultés de fainéants moi et mon collègue, il nous a dit qu'on était des fonctionnaires payés par ses impôts alors que lui était un grand patron d'entreprise... Il se croyait tout permis."

Face à ce comportement déjà virulent, l'agent indique à plusieurs reprises la sortie à l'usager en colère. Kevin James finit même par l'accompagner jusqu'à sa voiture et se place devant le capot, signe de son refus de s'occuper de lui et de son chargement.

Il m'a attrapé par la gorge, m'a étranglé et insulté en me plaquant contre sa voiture et en arrachant ma chaîne... Et puis, monsieur, a finalement déchargé sa voiture comme si de rien n'était et il est reparti les mains dans les poches.

Kevin James, agent de déchèterie agressé

L'agent assure avoir porté plainte en son nom après cette agression et avoir été accompagné par ses supérieurs "de A à Z". Un arrêt de travail de quelques jours lui a été prescrit.

"Pendant deux trois jours, je n'étais pas très bien, je ne dormais pas, je ne jouais plus avec mon enfant parce que papa n’était pas très bien...", se confie le père de famille qui explique souffrir de répercussions psychologiques.

De plus en plus d'agressions

"Il faut arrêter de nous prendre pour des punching-ball humains. À la base on vient au boulot parce que c'est plaisant de le faire, on rencontre des gens et on discute, mais là, on a des images dans la tête en arrivant", dénonce-t-il devant les grilles fermées de la déchèterie.

Un discours que reprend à son compte son collègue Jami Andoly, syndiqué CFDT. "Ça fait plusieurs années qu'on subit des agressions et ça devient de plus en plus courant, ça monte crescendo", prévient-il, visiblement las de la situation.

"Nous en tant qu'agents on est juste là pour appliquer des conditions d'accès, peut-être qu'elles ne sont plus adaptées mais ce n'est pas à nous d'en prendre la responsabilité et de se faire frapper pour ça."

Installation de barrières et caméras

Face à l'insécurité grandissante sur leurs lieux de travail depuis la sortie des confinements dus au covid, le président de la communauté urbaine Caen la mer, Nicolas Joyau, est venu à la rencontre des grévistes. Il leur a assuré un plein soutien, déjà exprimé dans un communiqué, affirmant qu'il est "grave" et "inadmissible" qu'un agent soit agressé verbalement comme physiquement.

Plusieurs solutions ont été évoquées en milieu de matinée pour apporter plus de sécurité aux fonctionnaires : mieux sécuriser le cadre de travail des agents et fluidifier l'accès aux déchèteries, notamment en automatisant l'accès avec des barrières automatiques et des badges qui seraient fournis aux habitants.

Des caméras à 360°c doivent aussi être déployées dans les sept déchèteries de Caen la mer, d'ici le mois de septembre 2025, le temps qu'elles soient installées et que les autorisations préfectorales soient obtenues. Actuellement, trois d'entre elles sont déjà équipées de vidéosurveillance.

Des mesures drastiques mais nécessaires, comme le prouvent les réactions exaspérées d'une petite partie des usagers obligés de reporter leur venue à la déchèterie ce samedi matin, grognements et insultes diverses au bord des lèvres.

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