Alors que l'auteur de bandes dessinées, Bastien Vivès, est invité à faire une exposition libre à partir du 26 janvier dans le cadre du Festival de la BD à Angoulême, deux pétitions ont été lancées à son encontre pour qu'il soit déprogrammé. En raison : ses BD montrant des scènes pédopornographiques.
Reconnu depuis qu'il a gagné le prix Essentielle Révélation en 2009 au Festival d'Angoulême avec "Le gout du Chlore", Bastien Vivès, controversé par ses livres érotiques mettant en scène des enfants, est aujourd'hui au cœur d'une polémique. Dans cette BD récompensée, il retrace l'histoire d'un adolescent "qui fait la connaissance d'une jeune fille au corps et au sourire séduisants." Alors qu'il est censé exposer lors de la 50ᵉ édition du Festival de la BD à Angoulême, du 26 au 29 janvier 2023, des pétitions ont été lancées pour que l'auteur soit déprogrammé du Festival.
Deux pétitions lancées pour déprogrammer l'auteur
C'est l'indignation sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines. Arnaud Gallais, activiste du droit des enfants et cofondateur du collectif Prévenir et Protéger et du mouvement #BeBraveFrance, a lancé cette pétition sur internet où il dénonce "la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité organisée par le dessinateur de BD Bastien Vivès à travers ses ouvrages et ses propos dangereux".
Arnaud Gallais, qui souhaite envoyer un message protecteur aux enfants, demande aux organisateurs du festival "de réagir vite et nous leur rappelons que la protection de l’enfance devrait être une priorité".
Des étudiants du "Mouvement Écoles d'Art en Danger à Angoulême" qui considèrent que "son travail véhicule des propos problématiques et une image dégradante des femmes" n'ont pas décidé de rester muets face à cette polémique qui prend de l'ampleur. Eux aussi ont lancé une pétition le 8 décembre dernier. Ces étudiants demandent "la suppression de cette exposition, et, à la place, la mise à l'honneur d'un.e auteur.ice dont la création ne soit ni violente ni discriminatoire".
Emma, une autrice menacée par l'auteur
Emma Clit' autrice de bandes dessinées dénonce Bastien Vivès dans un post Instagram. "En 2017, la publication de ma BD sur la charge mentale a énervé plusieurs "grands" auteurs de BD", explique-t-elle. Parmi eux, Bastien Vivès. Dans une publication Facebook, l'auteur menace l'autrice. Puis, il publie "La décharge mentale" où il met en scène trois jeunes filles de 10, 15 et 18 ans qui ont des relations sexuelles avec un adulte. Dans cette bande dessinée, des scènes pédopornographiques, pornographiques et incestueuses sont explicitement dessinées.
Pour l'autrice, il est important que Bastien Vivès soit déprogrammé pour "mettre fin à cette culture de l'impunité". Elle ajoute : "Ce qui me fait réagir, c'est que l'on peine déjà à condamner socialement la pédocriminalité". Elle attend que d'autres auteurs et le festival se prononcent sur le sujet, "sinon c'est qu'ils cautionnent", admet Emma.
En guise de réponse, Bastien Vivès s'est exprimé, pour l'heure, seulement par un post Instagram.
Une politique qui recule ?
Pour Arnaud Gallais, du collectif Prévenir et Protéger et du mouvement #BeBraveFrance, Emmanuel Macron qui défendait l'inceste comme grande cause nationale ne tient pas sa promesse. "Le ministère de la Culture devrait se saisir de cette affaire. Mais également la région, le département, le Festival et toutes les personnes qui soutiennent ce Festival qui est un des plus grands festivals de BD au monde".
Avec ces contenus pédopornographiques, et donc illégaux, Bastien Vivès s'expose à une peine pouvant aller jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Ce lundi 12 décembre, la pétition d'Arnaud Gallais rassemblait 48 000 signatures sur les 50 000 attendues. En deux jours, la pétition des étudiants a atteint, quant à elle, 1 500 signatures.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous n'avons pas encore pu entrer en contact avec Bastien Vivès.