Football. Béquilles ou pas, les joueurs amputés de Ruelle veulent rêver

À Ruelle, la première équipe de football pour amputés de Nouvelle-Aquitaine a été créée. Si les entraînements battent leur plein, le club cherche encore des joueurs.

Jouer un jour la Ligue des champions, ils l'ont dans un coin de leur tête. "L'objectif maintenant, c'est d'avancer et d'aller chercher des trophées internationaux", prévient Dramane Magass, samedi 17 décembre sur la pelouse. Mais loin des strass et paillettes, c'est avec des béquilles que les huit joueurs de l'équipe pour amputés de l'Olympique Football Club de Ruelle veulent entendre l'hymne sacerdotal de la compétition européenne.

Ruelle est le premier club de Nouvelle-Aquitaine ayant monté un tel projet, dans une discipline encore minoritaire, qui rassemble moins d'une centaine de participants en France. C'est que la discipline est récente, créée à Seattle (États-Unis) en 1980, et véritablement lancée dans l'Hexagone en 2007. Déjà bien établi dans d'autres pays du monde, (Angleterre, Turquie, Pologne, Pays-bas) le foot en béquilles pourrait profiter, en France, de l'engouement suscité par le Mondial. À Istanbul, dans le stade du Fenerbahçe, les Bleus en béquilles ont évolué devant plus de 40.000 spectateurs, vendredi 30 septembre, en ouverture d'une compétition dont ils ont fini 14^e sur 24.

Sept contre sept sur demi-terrain

Les règles de cette discipline affiliée à la Fédération française de handisport sont semblables à du foot loisir, à sept contre sept, sur un demi-terrain. La seule particularité : les joueurs de champ n'ont qu'une seule jambe et les gardiens de but ne peuvent intervenir qu'avec une main. En termes de matériel, aucune prothèse n'est nécessaire. Seule une paire de cannes anglaises est requise. Cannes qui ne peuvent pas être utilisées pour contrôler la balle.

Mais pour l'heure, à Ruelle, plus que de performance ou de rêves, c'est surtout une aventure humaine dont il est question. Dans les bouches de l'encadrement revient souvent le mot "acceptation". Accepter son handicap. Accepter de l'exposer ainsi. S'accepter. "C'est à toi de t'adopter pour le bien-être de ton esprit", explique Dramane. Soulager les âmes, oui, mais l'objectif reste de briller, comme pour toute équipe de football. "Les entraînements sont durs maintenant qu'on veut passer en compétition, mais j'adore", souffle Grégory Lefebvre, un autre joueur de l'équipe, le souffle encore court. 

Désormais, le club recherche au moins quatre joueurs pour aligner une équipe en compétition dès juillet prochain.