Depuis le 1ᵉʳ janvier, l'adoption de la loi pour le plein emploi apporte de nouveaux droits aux travailleurs handicapés exerçant dans les établissements et service d'aide au travail (Esat). Une bonne nouvelle pour les personnes ayant un projet d'insertion en milieu ordinaire.
Cela fait un peu plus de deux ans que Florian est cuisinier à l'Esat (Établissement et service d'aide par le travail) d'Angoulême (Charente). Anciennement chômeur, le fait de travailler dans cet établissement est pour lui une source d'émancipation. Avec l'adoption de la loi sur le plein emploi, il peut désormais faire grève, adhérer à un syndicat, bénéficier de la complémentaire santé ou encore être remboursé de ses titres de transport. "Ça, c'est bien, c'est un vrai plus, estime Florian. Cela montre que je suis capable de produire comme une personne non handicapée".
Une aubaine pour toutes les personnes espérant s'inscrire dans le milieu classique. C'est le cas d'Émilie, pour qui ces nouveaux droits représentent, pour elle, plus de reconnaissance. "Cela nous ouvre un peu plus les portes du milieu ordinaire. Je connais déjà ce milieu professionnel, car je suis arrivée tard en Esat, mais cela me redonne confiance", avoue-t-elle.
Une avancée sociale concrète
Au total, ce sont plus de 120 000 travailleurs dans 1 500 établissements présents en France vont bénéficier pour la première fois de ces droits. Selon le directeur de l'Esat d'Angoulême, Thibault Mayaud, voit cela d'un très bon œil. "On va avoir une normalisation des droits pour les travailleurs handicapés qui était, jusqu'à maintenant, des droits de travailleurs handicapés. On n'est pas encore sur un contrat de salariat, ni en adéquation totale avec le milieu ordinaire, mais un certain nombre de choses vont faciliter la similitude entre les deux statuts".
En effet, les travailleurs restent des usagers de cette structure médico-sociale, mais possèdent le statut d'"assimilés salariés". "Toutes les personnes avec un projet d'insertion en milieu ordinaire vont avoir une meilleure compréhension des droits qu'ils auront, on gomme la différence, explique Thibault Mayaud. L'important, c'est qu'ils vont pouvoir se projeter en milieu ordinaire. On tend à se rapprocher d'un traitement plus équitable".
Un traitement plus équitable donc, mais des différences subsistent encore. Encore aujourd'hui, un travailleur handicapé doit effectuer une période d'essai plus longue qu'un salarié. Autre mesure, ces travailleurs touchent une indemnisation variant entre 55 % et 70 % du Smic (salaire minimum de croissance), complétée par l'allocation aux adultes handicapés. En revanche, les travailleurs handicapés sont toujours protégés du licenciement.