"Le Plongeur" de Francis Leclerc est présenté en compétition officielle au festival du Film francophone d'Angoulême (FFA). Avec plus d'un million d'entrées, c'est l'un des succès du box office du printemps au Québec. Formidablement rythmé, le film suit un jeune homme accro aux jeux d'argent qui tente de rembourser ses dettes en travaillant comme plongeur dans un restaurant chic.
C'est l'un des succès du box office québécois de l'année : Le Plongeur de Francis Leclerc (2023), adapté du roman éponyme de Stéphane Larue, également un succès de librairie au Québec, est présenté cette semaine en compétition officielle du 16ᵉ festival du Film francophone d'Angoulême (FFA). Avec, à la clef, la surprise de découvrir sur nos écrans un nouveau visage, celui innocent, mais déterminé du jeune comédien, Henri Picard.
Ce visage-là est de toutes les séquences et porte de bout en bout ce film sur un jeune homme, victime de son addiction aux jeux d'argent. Fils de la comédienne Isabel Richer et du réalisateur Luc Picard, Henri Picard offre une douceur convaincante dans son jeu qui, dès l'ouverture, se révèle l'une des clefs du succès de ce long-métrage, au-delà du scénario efficace et de la mise en scène au rythme souvent enlevé.
"Henri, à l'audition, est le seul qui n'a pas joué le jeune homme méfiant", se souvient Francis Leclerc. "Il a joué le jeune homme confiant. Et c'est ça qui est intéressant à filmer. On est dans sa tête, on sait qu'il ne va pas bien, mais tout le monde autour pense qu'il va très bien. C'était important qu'il dégage une confiance. Il avait cette présence-là très importante, très photogénique, très cinématographique, rassurante pour le spectateur, pour le suivre, l'aimer."
Le Plongeur, c'est Stéphane, 19 ans. Il dépense sans compter dans les machines à sous accessibles dans les bars au Québec. Promis à un brillant avenir dans l'illustration, il doit pourtant avant rembourser ses dettes colossales. Il va se trouver un job à la plonge d'un restaurant de Montréal. Le spectateur découvre alors l'envers du décor. Celui d'une cuisine dans laquelle tout peut s'emballer, s'enflammer, partir de travers. Mais surtout, l'envers de la vie de Stéphane et de son addiction.
À l'écran, Henri Picard campe un jeune homme "qui (lui) ressemble un peu", dit-il. Comme lui, il se dit "très timide". Mais Stéphane est aussi "une force tranquille", ce que Henri Picard rend avec une facilité déconcertante et attachante.
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De formidables seconds rôles
Autour de ce personnage principal, une pléiade de seconds rôles, dont celui incarné par la comédienne anglophone Joan Hart, une révélation. Dans le film, elle est Bonnie, jeune femme indépendante et déterminée, coéquipière en cuisine de Stéphane. Tous les deux se retrouvent autour d'un goût commun pour la musique métal. Face à lui, elle incarne une maturité, celle qui manque au jeune homme fraîchement débarqué de ses études, une force inouïe dans le jeu qui contrecarre l'innocence du jeune plongeur encore trébuchant et qui le pousse bien malgré lui sur le chemin de l'âge adulte.
Autre second rôle : Gregg, incarné par Maxime de Cotret (rencontré l'an dernier à Angoulême pour le long-métrage Lignes de fuite — lire ci-dessous) qui instille dans le film une présence quelque peu inquiétante. Une fois le service terminé, Stéphane se laisse emporter par la présence solaire de l'homme, accueilli comme chez lui dans les boîtes de nuit de la ville. Que trouvera-t-il derrière cette personnalité qui semble attirer toute la lumière à lui ? Car lui aussi a sa part d'ombre... Dans un jeu d'acteur qui n'est pas sans rappeler celui d'un Michael Keaton, Maxime de Cotret livre une partition flamboyante et enlevée.
Du tourbillon de la cuisine à celui de la vie, Francis Leclerc s'applique dans Le Plongeur à recréer le Montréal du début des années 2000 avec ambiance sonore rock et métal à l'appui. Il livre un film qui se révèle foncièrement touchant dans sa manière attentive de raconter le parcours de Stéphane, ses erreurs, ses errements, ses revirements, son apprentissage de la vie dans la grande ville.