Autour de Vars (Charente), des riverains se plaignent des odeurs nauséabondes venues d'un bassin de décantation de boues de la papeterie voisine. Ils sont soutenus par la municipalité de la commune.
"Des fois, c'est irrespirable!" À Montignac, petit village de la campagne charentaise, Jean-Bernard Jorre et son épouse n'en peuvent plus.
Depuis qu'une fosse de stockage pour les boues industrielles de la papeterie Thiollet de Saint-Michel a été construite à quelques centaines de mètres de sa maison, le couple vit un cauchemar.
Suivant d'où vient le vent, les odeurs arrivent. On est obligé de fermer les portes, les fenêtres, tout.
Comme les Borde, ils sont une petite trentaine de riverains à se plaindre de ce bassin de 1.000 mètres carrés exploité par un agriculteur du coin depuis l'an passé. Leurs plaintes sont arrivées sur le bureau du maire de Vars qui a pris un arrêté municipal pour en interdire d'exploitation.
"J'estime que ce bassin est complètement illégal" explique Jean-Marc de Lustrac, "il a été construit au départ sans document d'urbanisme et la tentative de régularisation n'a pas conduit à une validation du projet". La municipalité souhaiterait qu'il soit détruit.
Ce bassin n'a rien à faire là, tout près d'une zone Natura 2000.
Pas une fabrique Chanel
Le propriétaire de la parcelle en question a porté l'affaire en justice. Injoignable pour ce reportage, il reproche à la commune un vice de procédure.
Dans l'attente de la décision du tribunal administratif, le bassin n'est donc plus en activité, mais l'épandage se poursuit "avec un container qui lui est légal" constate Jean-Marc de Lustrac.
La papeterie Thiollet se serait bien passée de tous ces remous autour de ses boues. Si Jacky Quiesse reconnait volontiers qu"une station d'épuration ce n'est jamais une fabrique de parfum Chanel", le directeur du site balaie pourtant les inquiétudes éventuelles.
Nos boues sont biologiques et elles ne sont pas dangereuses. Elles sont homologuées et validées pour l'épandage agricole et constituent un apport hydrique naturel en période de sécheresse.
Autour de Vars, ce discours ne rassure pas vraiment. Les riverains demandent que les produits déversés dans la fosse soient analysés.
Quant à la municipalité, elle souhaiterait tout simplement bannir la pratique de l'épandage. "Le conseil municipal s'était prononcé contre le plan d'épandage de la préfecture en 2016" rappelle Jean-Marc de Lustrac. Un plan néanmoins validé par les autorités.