Relégué de la première division en Régionale 1 par les instances financières de la Fédération Française de Football, le club liquide toute sa section professionnelle. Les joueuses, déjà sans salaires, se retrouvent sans contrat. La fin de 55 ans d'histoire.
Le titre de championnes de France de 1984 semble bien loin. Le temps des pionnières qui fondaient ce club exclusivement féminin, l'un des premiers, en 1968 encore plus. Aujourd'hui, c'est une urgence financière que les filles de Soyaux-Angoulême affrontent. Et le score n'est pas à leur avantage.
Revenus à zéro
Parmi la trentaine de salariés du club, certaines joueuses bénéficiaient de logement et de voiture de fonction. Elles se retrouvent face à des propriétaires qui, impayés, leur réclament les loyers, alors qu'elles sont elles-mêmes privées de salaires (le mois de juin n'aurait pas été versé), et plongées dans un flou administratif qui les empêche de s'inscrire au chômage.
Un liquidateur va être nommé, c'est lui qui va voir ce qu'il peut faire pour l'argent qui nous manque, qu'on n'a pas eu.
Laura BourgoinJoueuse de l'ASJ Soyaux
Les joueuses n'oublient pas non plus la tristesse des supporter et des bénévoles qui accompagnent ce club depuis des années.
Liquidation inévitable
Dans son communiqué annonçant la dissolution de la section professionnelle, le directeur Renaud Fabre salue l'investissement du président du club, Benoît Letapissier, et pointe le manque de soutien financier des collectivités, de supposées manœuvres de la fédération pour mettre en difficulté les petits clubs et les "décisions abusives de la DNCG" (le gendarme financier de la FFF). Autant d'arbitrages qui auraient découragé les sponsors et handicapé le recrutement.
Il critique aussi ouvertement l'association du club, accusée d'avoir saboté le virage professionnel impulsé par le président.
Personnellement, j'ai mis beaucoup de finances dans le club. Malgré toutes les promesses autour, que ça soit par le département, la région, la mairie ou lagglomération, on a eu des discussions et je n'arrêtais pas de tirer la sonnette d'alarme.
Benoît LetapissierPrésident de l'ASJ Soyaux
Pendant ce temps, d'autres s'interrogent sur la gestion menée.
On ne peut pas recruter des joueuses étrangères avec un visa touristique, c’est pour qu’elles travaillent. On ne peut pas faire des demandes de permis de travail avec une somme et faire un contrat avec une somme à moitié. C'est tout un tas d’erreurs de gestion.
Laurent PionnierDélégué national UNFP
La partie associative du club reste active et alignera une équipe en Régional 1. Bien loin du très haut niveau qui a fait l'histoire de l'ASJ Soyaux.
Le club de cœur de Corinne Diacre
L'ex-sélectionneuse de l'équipe de France féminine a passé toute sa carrière au sein de cette équipe, refusant des offres à l'étranger. De 1988 à 2007, elle y disputera plus de 350 matches, avant d'en devenir en 2010 l'entraîneure. C'est elle qui fait remonter l'équipe en D1, pour trois saisons. Elle devient ensuite la première Française à la tête d'une équipe masculine professionnelle, en 2014, à Clermont-Ferrand, alors en Ligue 2.