Lewis Trondheim a publié une courte vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il dénonce l'attitude du ministère de la Culture à l'égard des auteurs de BD. Celui qui a été le grand prix de la ville d'Angoulême en 2006 a décidé de rendre sa médaille de chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.
C'est une courte vidéo que Lewis Trondheim vient de publier sur YouTube. Pendant cinq minutes il y expose sa colère après que le ministère de la Culture a mis fin aux espoirs suscités dans le monde la bande dessinée par le rapport Racine. Commandé il y a deux ans par Frank Riester, ministre de la Culture de l'époque, ce rapport proposait de mettre en place un statut des artistes auteurs. Or, il y a quelques jours, le ministère de la Culture a dévoilé 15 mesures destinées à améliorer les conditions de création, mais la reconnaissance d'un statut des auteurs n'est pas à l'ordre du jour.
C'est cet "enterrement du rapport Racine" qui a poussé Lewis Trondheim, grand prix de la ville d'Angoulême lors du festival de la BD de 2006 à expliquer sa colère.
Le ministère de la Culture n'aide pas les auteurs, ce n'est pas mon ministère, donc je vais lui rendre ma médaille de chevaliers des Arts et Lettres.
Estimant que "le gouvernement nous saigne à blanc, et dans une improbable mise en scène il fait mine de se tailler les veines pour verser son sang sur la médaille avant d'aller poster le tout à l'intention du "Ministère de l'Inculture."
Au-delà de cette opération très symbolique, Lewis Trondheim dénonce la situation des auteurs de BD qui n'ont aucun statut réel.
Les auteurs de BD doivent avoir un statut professionnel, parce que jusqu’à présent, on n'est pas reconnu comme tel. On cotise mais si on est malade c'est la croix et la bannière pour se faire rembourser.
En France, le secteur de la bande dessinée se porte bien, mais pas les auteurs qui sont parfois dans des situations financières très précaires. Selon un rapport sur les états généraux de la bande dessinée publié en 2017, un auteur sur deux gagne moins que le SMIC (1.554,58 euros en 2021) et un sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Seuls quelques grands noms vivent bien de ce métier, mais ils cachent une réalité qui est beaucoup plus dure.
Cette situation a d'ailleurs poussé les auteurs à alerter à plusieurs reprises, notamment lors des festivals d'Angoulême, comme par exemple lors de l'édition 2020. La version avec le public du festival prévue en juin prochain est d'ailleurs sous la menace d'un boycott. 345 auteurs et autrices ont signé une tribune en janvier indiquant que si "aucun acte réel et concret n'est posé d'ici là", ils boycotteront l'édition 2021 du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême (FIBD).