Ce mardi 29 octobre débute le procès de Bouhalem B., graphiste reconnu dans le cinéma d'animation, notamment à Angoulême. Il est poursuivi pour "complicité de viol sur mineurs" et "traite d'êtres humains". Il encourt 20 ans de réclusion, le maximum doublé du fait de la récidive, soit 40 ans.
Ratatouille, Les Indestructibles, Là-Haut... Bouhalem B., artiste reconnu dans le cinéma d'animation à Angoulême et ex-graphiste de Disney et Pixar, comparaît, ce mardi 29 octobre, devant la Cour d'Assises de Paris, jusqu'au jeudi 31 octobre.
Il assume l'intégralité des faits
Cet homme de 59 ans est poursuivi pour avoir commandité des visionnages en direct d'abus sexuels commis sur des fillettes aux Philippines entre février 2012 et septembre 2021. "Il y a beaucoup de ressorts psychologiques dans ce dossier qui peuvent expliquer le fait qu’il y ait eu cette ambivalence, entre dessinateur de génie le jour et pédocriminel la nuit", raconte Romain Ruiz, l'avocat du prévenu. Lors de l'audience, Bouhalem B. assume les faits qui lui sont reprochés : "C’est rare, mais ça dit quelque chose de sa sincérité. C’est quelqu’un qui ne s’est jamais caché, qui n’a jamais tenté de minimiser quoi que ce soit depuis la première minute de sa garde à vue", déclare Romain Ruiz. "Il a dit qu'il avait fait ces choses-là, qu'il souhaitait s'en expliquer et guérir. Il a cette honnêteté de dire que quand il ne sait pas, il ne sait pas. Il est sincère et il essaye lui-même de comprendre ce qu'il s'est passé".
>> A LIRE AUSSI : Il commandait des shows sexuels sur des mineures par webcam : une figure du film d'animation renvoyée devant les assises
Les enquêteurs ont découvert l'affaire à travers un autre dossier dans lequel apparaît des transferts d'argent à destination d'une femme philippine connue pour exploiter des mineurs par "live streaming". Les policiers découvrent alors que le suspect avait effectué près de 50 000 euros de transfert et qu'il avait passé des commandes d'actes sexuels et de violences, voire de tortures, sur des jeunes victimes âgées de cinq à dix ans. Pour ces crimes, l'accusé encourt 20 ans de réclusion, le maximum doublé du fait de la récidive, soit 40 ans. "C'est une situation de récidive, mais ce sont des faits différents, on est sur des faits de nature similaires, mais avec un mode opératoire totalement différent. Là, on parle de faits qui sont commis derrière un écran, à distance", explique l'avocat de la défense. Bouhalem B. a été condamné en 2014 pour agression sexuelle sur sa belle-fille, âgée de huit ans au moment des faits.
Je crois que c'est l'un des enjeux de ce procès, de savoir comment on doit traiter ce nouveau type de complicité qui pourrait être défini comme une complicité par voyeurisme.
Romain RuizAvocat de Bouhalem B.
Dans ce procès, sept associations de défense des droits de l'enfant se sont portées partie civile, comme la Voix de l'enfant, L'Enfant bleu ou encore la Fondation pour l’Enfance. "Notre rôle dans ce procès, c'est d’être la voix de toutes les victimes qui n’ont pas pu être présentes, mais dans un second temps, il s'agira d'effectuer un travail un peu plus long de recherche et d’identification des victimes qui sont encore aux Philippines afin qu’elles puissent être reconnues comme victimes et leur apporter une aide", explique Inès Davau, représentante de l'association La Voix de l'enfant.