La municipalité a pris un arrêté pour lutter contre "les groupes d'individus alcoolisés". Dans les rues de la ville, ceux qui "s’approprient les espaces et les aménagements publics tels que les trottoirs et les bancs", s'exposent désormais à une amende de 35 €. L'opposition monte au créneau, elle a prévu de déposer un recours devant le tribunal administratif dans les prochains jours.
L'annonce est loin d'être passée inaperçue. À Angoulême, depuis le 11 juillet dernier, l'occupation de l'espace public fait l'objet d'un arrêté de régulation.
Désormais, "est interdite toute occupation abusive et prolongée des rues et autres espaces publics - par des individus regroupés, de manière immobile ou peu mobile, n’étant pas en transit et générant des nuisances (sonores, dégradations, menaces, etc.) qui troublent la tranquillité des passants ou des riverains - accompagnées ou non de sollicitations ou quêtes à l'égard des passants".
"Quand vous êtes sur un banc, vous êtes seul, vous êtes calme, vous n'êtes pas alcoolisé, vous n'urinez pas sur les arbres"
Cet arrêté municipal voulu par l’adjoint à la sécurité, Jean-Philippe Pousset, cible, selon lui, les marginaux : "quand vous êtes sur un banc, vous êtes seul, vous êtes calme, vous n'êtes pas alcoolisé, vous n'urinez pas sur les arbres. Les jeunes qui sortent du collège et du lycée qui rigolent et font la fête, ça ne pose aucune difficulté".
Par contre, si vous vous promenez sur l'espace public seul ou accompagné, vous consommez, vous êtes avec deux, trois chiens qui ne sont pas muselés qui importunent les passants, vous êtes assis devant un commerce, effectivement à ce moment-là, on est au cœur de cet arrêté, la police pourra intervenir.
Jean-Philippe PoussetAdjoint à la Prévention et la Sécurité à la mairie d'Angoulême
Un arrêté condamné par les élus d'opposition
L'arrêté précise par ailleurs que, "la station assise ou allongée lorsqu’elle constitue une entrave à la circulation des piétons et à l’accès aux immeubles riverains des voies publiques ainsi que la station debout lorsqu’elle entrave manifestement la circulation des personnes, la commodité de passage, la sûreté dans les voies et les espaces publics".
Un texte qui n'a pas manqué de faire réagir l'opposition qui s'indigne. "L'opposition est unanime pour condamner cet arrêté et surtout rappeler le travail qui est fait en termes de médiation sociale auprès de ces populations", réagit Raphaël Manzanas, élu d’opposition divers gauche.
Avant d'ajouter, "l'arrêté est beaucoup trop large, il laisse beaucoup trop d'arbitraire pour décider qui abuse ou pas de l'espace public. Et, puis, si ces problèmes sont constatés, ils relèvent de la loi, du droit pénal".
Amende de 35 euros
Applicable du lundi au dimanche de 10 h à 21h, de novembre à mars, et de 10 h à 2 h, d'avril à octobre, l'arrêté concerne les "abords des immeubles et des commerces en activité, ainsi que les espaces publics tels que les squares, les jardins, cours, et tous les lieux accessibles à la circulation publique".
Les contrevenants qui ne le respecteraient pas s'exposent à une amende de 35 euros, pouvant aller jusqu'à 150 euros en cas de récidive.
"Cet arrêté, ce n'est pas une verbalisation, on cherche à donner les moyens à la police, lorsque les regroupements, de marginaux, dealers, voyageurs font que la gestion de l'espace public n'est pas paisible. C'est faire de la pédagogie, expliquer à ces personnes qu'elles n'ont pas le droit d'être là et les faire partir", justifie Jean-Philippe Pousset.
"On souhaite que les clients puissent se balader sans avoir peur"
Du côté des commerçants, l'initiative est saluée, même si les contours de cet arrêté ne sont pas encore bien expliqués. "Nous, la seule chose que l'on attend, c'est travailler en sécurité, que les passants, les touristes puissent se balader sans avoir peur", exprime Charlotte Barroud, présidente de l’association des commerçants "Cap en Ville".
On espère que ça va aller dans le bon sens.
Charlotte BarroudPrésidente de l’association des commerçants "Cap en Ville"
Les élus d'opposition, eux, n'entendent pas s'arrêter là, "nous allons porter un recours auprès du tribunal administratif pour qu'un juge puisse déterminer quelle est la part d'abus de la mairie et quelle est la validité de l'arrêté qui a été pris", confie Raphaël Manzanas.
Déjà pointée du doigt en 2014 pour avoir grillagé certains bancs publics pour empêcher les SDF de s'y installer, la mairie d'Angoulême n'a visiblement pas laissé de côté sa chasse aux incivilités.