En remettant en doute le lien entre produits phytosanitaires et maladies, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est mise à dos tous les détracteurs des pesticides, comme le Charentais Paul François. L'agriculteur milite pour la création d'un fonds d'indemnisation pour les victimes de ces produits.
Agnès Buzyn a mis le feu aux poudres. Alors que la proposition de loi portant sur la création d'un fonds d'indemnisation des victimes de produits phytopharmaceutiques a été adopté par le Sénat le 1er février, le gouvernement a annoncé dans le même temps, par l'intermédiaire de la ministre de la Santé, qu'il refusait de soutenir l'initiative à l'Assemblée nationale.
Paul François, président de l'association Phyto-victimes et célèbre pour être l'agriculteur qui a fait condamner Monsanto, est vent debout contre cette déclaration. "Le lymphome non hodgkinien [un type de cancer, NDLR] est reconnu maladie professionnelle depuis 2015 et la maladie de Parkinson depuis 2012. Ces décisions sont basées sur les preuves scientifiques. Donc entendre une ministre de la Santé dire, en 2018, qu'elle n'a pas de preuves tangibles, ce n'est pas recevable. Nous ne sommes pas dupes," tempête l'agriculteur charentais.
Un fonds d'indemnisation indispensable
La rapporteure du proposition de loi au palais du Luxembourg, la sénatrice PS de la Charente Nicole Bonnefoy, regrette aussi les propos de la ministre de la Santé. "C'est inacceptable eu égard à toutes les alertes déjà lancées, a-t-elle déclaré à l'AFP. La proposition de loi, portée par de nombreux députés de tous bords, sera présentée dans les prochaines semaines devant l'Assemblée nationale.Phyto-victimes, dont le siège national est à Bernac (Charente) est la seule association de France qui se donne pour mission d'aider et d'accompagner les personnes atteintes de maladies liées à l'utilisation de pesticides. Avec seulement quatre salariés, elle soutient près de 400 malades et mène des interventions de prévention dans les lycées agricoles. L'association est aujourd'hui en péril : financée à hauteur de à 40% par des subventions provenant du ministère de la Transition écologique, elle n'a pour le moment rien touché pour l'année 2017.
Notre reportage à Ruffec (Charente)
Reportage : Bruno Pillet et Christophe Guinot. Montage : Carine Grivet.Intervenants : Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé; Paul François, agriculteur et président de Phyto-Victimes.