Châteaubernard : les syndicats de Verallia, reçus au ministère de l'Économie, demandent l'ouverture de négociations

En fin de journée, ce mercredi 13 janvier 2021, une dégation de représentants syndicaux de l'usine Verallia de Châteaubernard, près de Cognac, a été reçue au ministère de l'Économie. Les délégués syndicaux sont ressortis de cette rencontre sans illusion mais avec l'impression d'avoir été écoutés.

Les salariés de l'usine Verallia de Châteaubernard, qui emploie 350 personnes, sont en grève depuis le 23 novembre 2020 pour protester contre le PSE (plan de sauvergarde de l'emploi) envisagé par la direction. Verallia France, leader européen et troisième producteur mondial de l’emballage en verre pour les boissons et les produits alimentaires, a annoncé en juin dernier un plan prévoyant 150 départs sur les six usines de Varallia France, dont 80 sur le site cognaçais. Sur le site de Châteaubernard, ces suppressions d'emplois correspondent à la fermeture d'un des trois fours de l'usine. Verallia ne souhaite pas reconstruire ce four qui arrive en fin de vie et est spécialisé dans la fabrication de bouteilles pour le marché du vin, un secteur en déclin.

Des propositions "socialement responsable" pour la CGT

La CGT dénonce le plan de réorganisation du groupe qu'elle accuse de toucher en priorité les plus jeunes employés, moins protégés par les critères d'âge. Le syndicat lui oppose son propre plan qui repose à l'inverse sur le départ des employés les plus âgés et évite les licenciements. Ce sont ces propositions qu'ils ont présentées au ministère de l'Economie. 

La solution c'est de faire partir les anciens et de garder les jeunes parce qu'une usine avec des personnes âgées, c'est une usine qui est morte. Gardez les jeunes, c'est l'avenir.

Dominique Spinali, délégué CGT Verallia

Dans un communiqué, la CGT précise les grands axes de ce plan qu'elle présente comme "socialement responsable" : "Zéro  licenciements secs sur le site de Cognac, contre près de 25 à ce jour, (NDLR : la direction en annonce 20), l'abandon des procédures de licenciement contre deux lanceurs d’alertes sur le site de Châlon-sur-Saône, la renégociation d’un nouvel accord d’intéressement favorable aux salariés et la proposition d’un pacte productif  liant l’amélioration des rendements à des garanties sociales sur l’emploi et l’avenir des fours en France".

"Nous avons été écoutés"

Les délégués syndicaux du site de Châteaubernard, accompagnés par quatre députés soutenant leur action ((Fabien Roussel, François Ruffin, Loic Prud’homme et Sébastien Jumel) ), disent avoir trouvé "une écoute" au ministère de l'Economie mais pas de réponse.

Le ministère nous a écouté mais on ne sait pas s'ils vont soutenir le projet des syndicats. 

Dominique Spinali, délégué CGT Verallia

Les syndicats demandent, en vain, une ouverture de négociations sur le plan de départ et ont prévu de réunir les salariés en assemblée générale demain vendredi 15 janvier. En l'absence de nouvelles propositions, ils envisagent de soumettre au vote la reconduction de la grève. Dans son communiqué, la CGT dit "espérer que Bercy puisse remettre tous les protagonistes autour d’une table des négociations".

Le mouvement de grève a commencé le 23 novembre sur le site de Verallia, au lendemain de la tentative de suicide d'un des salarié, âgé de 24 ans, qui venait de recevoir la notification de son prochain licenciement.

 

Déclin du marché et manque de compétitivité, explique la direction

Les syndicats reprochent à Verallia de mener ce plan de licenciement, en pleine crise sanitaire et alors que "l'entreprise gagne de l'argent". Olivier Rousseau, le directeur général de Verallia France, a, pour sa part, justifié ce PSE sur notre antenne en mettant en avant le déclin du marché des bouteilles de vin et la recherche d'une meilleure compétitivité sur le site cognaçais.

Ce PSE est indispensable pour deux raisons. La première, on a et ce n'est pas nouveau, une baisse de la consommation de vin. Sur les huit dernières années, il y a eu une bouteille de vin de moins par foyer et par mois, c'est beaucoup. La deuxième, c'est que nous avons un problème de compétitivité. Il y a quinze ans, il y avait 5% des bouteilles de verre utilisées en France qui venait de l'étranger, aujourd'hui c'est 33%. Nous n'avions pas d'autre choix que de faire ce plan.

Olivier Rousseau, le directeur général de Verallia France

Le directeur général de Verallia France explique également "vouloir mettre en place de nouvelles organisations à Cognac, comme partout en Europe pour être capable d'améliorer la performance industrielle et la productivité". Il indique par ailleurs que des solutions sans départ contraint ont été trouvées pour 130 salariés sur les 150 départs annoncés sur les sites français. Les vingt personnes restantes, et aujourd'hui sous la menace d'un licenciement, sont toutes à Cognac. La direction a annoncé, sur notre antenne, prendre l'engagement ferme de leur faire "une nouvelle proposition d'emploi soit à l'intérieur du groupe ou dans un rayon de trente kilomètres autour de leur domicile".

Pour l'heure la situation reste bloquée sur le site de Châteaubernard et le dialogue avec la direction au point mort, alors que les salariés sont appelés à se réunir demain, vendredi 15 janvier, en assemblée générale pour décider de la suite à donner au mouvement de grève.

 

Verallia, un géant de l'industrie verrière

Le groupe Verallia a été vendu en 2015 par St-Gobain au fonds d'investissement américain Apollo Global Management. Il emploie environ 10.000 collaborateurs à travers le monde et dispose de 32 usines verrières répartiés dans onze pays différents. Dans son bilan semestriel au 31 décembre 2020, rendu public le 12 janvier 2021, Verallia indique que "le groupe a réalisé 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, avec une production de 16 milliards de bouteilles et pots en verre".

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