Education. En Charente, on fait face tant bien que mal à la crise de vocation des enseignants

Alors que la rentrée approche, 4.000 postes de professeurs sont toujours dépourvus de candidats. En Charente, un collège de 400 élèves a enfin trouvé une conseillère principale d’éducation, une première pour l’établissement. Son équipe est presque au complet désormais, excepté pour remplacer la professeure de français sur le long terme…

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« Bonjour, alors tu es la nouvelle collègue ? Bienvenue ! » Dans les couloirs du collège Maurice Genevoix à Châteauneuf-sur-Charente, les professeurs accueillent la nouvelle avec soulagement : cette année, le collège de 400 élèves aura enfin une conseillère principale d'éducation (CPE).

Une libération pour ce professeur d’arts plastiques : « On est un petit établissement, les élèves sont très gentils dans l’ensemble. Heureusement qu’on a été assez solidaires dans l’établissement parce que la gestion au quotidien était hallucinante » Cette nouvelle recrue devrait améliorer la communication entre la direction, les enseignants, les familles et les élèves.

Parmi les nouveaux, Marie-Gabrielle Barreau à 23 ans. Stylos et cahier sur son bureau, face au tableau noir, cette professeure d’Histoire-Géographie fait sa première rentrée à temps plein, avec un peu d’appréhension et surtout, l’impatience de rencontrer ses futurs élèves. « C’est la beauté de ce métier. Même si les conditions peuvent être difficiles, on le fait avant tout pour les élèves ».

Recrutement de contractuels et formation express

En juin, pour pallier le manque de 4.000 professeurs sur les 27.000 qui forment les rangs de l’Education nationale, le gouvernement a débuté un recrutement de professeurs contractuels. Jeudi 1er septembre, ils seront 3.000 embauchés par l'Éducation nationale, à donner leurs premiers cours. Pour exercer en tant que tel, un BAC+3 suffit, et une formation express, en quatre ou 5 jours.

Armelle Perraud est professeure contractuelle en lettres modernes et classiques. Elle effectue des remplacements de 15 jours à un trimestre, selon les besoins, depuis 2009. Pour elle, croire que l’on peut se former en quatre jours est « illusoire » : « c’est faisable si on a une bonne remise à niveau. ça dépend depuis combien de temps on n’a pas été en contact avec la discipline, notre niveau de connaissances, nos capacité à faire en sorte que les élèves apprennent, puisque c’est quand même notre fonction première. »

Intéresser les élèves, suivre la progression des apprentissages… Tout ça ne s’improvise pas pour cette professeure. Mais malgré sa vocation et sa passion, la répétition de ses CDD lui pèse. Un point noir, parmi d’autres, qui en rebute plus d’un à s’engager.

Les contractuels, précaires de la profession  

Armelle Perraud reconnait que le métier « ne fait plus très envie ». Les salaires n’attirent pas, et les horaires, s’ils sont souples, sont aussi « mal perçus par la population générale », d’après cette professeure. Mais au-delà des difficultés inhérentes à l’attraction de son métier, Armelle Perraud perçoit un problème plus profond: "le recrutement c’est une chose, le souci c’est de nous garder dans la fonction publique".

La différence entre titulaires et contractuels est criante : pour ces derniers, c’est « un quotidien de précarité, sans sûreté de l’emploi, de salaire », qui rend toute construction de projets de vie compliquée: « quand on veut construire une maison, qu’on a prêt à rembourser, c’est compliqué psychologiquement de ne pas savoir ce qu’on va faire quelques mois plus tard ».

Une profession en crise 

Marie-Gabrielle, au début de sa carrière, a entendu parler de la « polémique » concernant la demande de revalorisation de salaires des professeurs. Elle l’entend, la comprend. Mais pour le moment, les 1.700 euros qu’elle touche tous les mois n’ont pas freiné sa vocation : « Quand on sort de master on sort de nos études. Même 1.700 euros, ça nous paraît énorme. Pour le moment, on se contente de ça ».

Aux salaires peu élevés s’ajoute une pression constante : « on attend qu’on soit performants, mais les élèves ont de moins en moins envie d’apprendre. Ils sont face à des écrans qui posent des problèmes d’apprentissage et de concentration ». La professeure de lettres espère obtenir un CDI prochainement, mais a peu d’espoir : « ces cinq dernières années, j’ai été inspectée trois fois. On m’a dit que je faisais un travail très satisfaisant, que je gérais bien ma classe, les élèves ont l’air très bien, mais ça s’arrête là ».

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