Les quotas pour les chasses traditionnelles (glu, filets...) ont été abaissés pour la saison 2018-2019 au niveau des prises réalisées l'an dernier, a annoncé jeudi le ministère de la Transition écologique, mécontentant à la fois les chasseurs
et les défenseurs des oiseaux.
Après la consultation publique menée cet été, qui a recueilli 24.000 avis largement défavorables à cette pratique, le ministère "a décidé de fixer les quotas au niveau des prélèvements effectivement réalisés pendant la saison précédente pour ces chasses traditionnelles".
Cela permet d'entériner la tendance à la réduction progressive des prélèvements de ces espèces constatée depuis plusieurs années. A titre d'exemple, pour l'alouette des champs, les plafonds de prélèvements sont passés de 370.000 à 106.500 entre 2015 et 2018.
Chasse au filet et matole
Cette chasse aux alouettes, qui concerne la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques, se fait par filets et matoles (piégeage par des cages).En PACA, 42.000 grives et merles pourront être attrapés à la glu (déposée sur les branches où ils viennent se poser), selon les arrêtés parus jeudi au JO. Un texte est encore attendu pour les merles et grives, pendus par des lacets (la "tenderie") dans les Ardennes.
Le ministre "François de Rugy commence très mal", a réagi la Fédération nationale des chasseurs (FNC), qui souhaitait un maintien des quotas.
Selon le ministère,
Selon la FNC, une délégation d'associations de chasseurs sera reçue mardi par le ministre.la réflexion sur l'évolution concernant ces chasses traditionnelles va se poursuivre, dans le cadre des négociations en cours sur la chasse et la protection de la biodiversité, pour une meilleure prise en compte de la souffrance animale.
Le ministre autorise "le piégeage cruel de milliers d'oiseaux"
Pour les défenseurs des oiseaux, c'est aussi "un premier acte contre nature de la part du nouveau ministre François de Rugy", alors que les études alertent contre l'effondrement des oiseaux des campagnes.
Si les prises ont reculé ces dernières années, "c'est parce qu'il y a moins d'oiseaux", a réagi le directeur de la LPO Yves Vérilhac, ajoutant que les quotas n'avaient quasiment pas bougé depuis 1989.
"Et qui peut garantir que ces quotas seront respectés ?", ajoute-t-il, relevant aussi le caractère "non sélectif" de ces méthodes de chasse.
Dans un communiqué la LPO indique :
Le nouveau ministre François de Rugy notamment en charge de la biodiversité impose une démarche contre-nature. Malgré près de 27 000 avis défavorables de Françaises et de Français déposés lors des 3 consultations publiques lancées cet été, François de Rugy vient de signer 10 arrêtés pour la saison 2018-2019.
La LPO rappelle que les dernières études "montrent l’effondrement des oiseaux des champs (perte de 30% des effectifs en quinze ans) et un déclin de 25% des oiseaux communs en Europe en 30 ans".Cette décision du gouvernement français intervient le jour même où le Président Emmanuel Macron s’engage au sommet "One Planet Summit" à New-York, à « obtenir des "initiatives très concrètes et fortes d’ici à l’été 2019" sur les océans et la biodiversité, deux objectifs que le chef de l’État veut mettre au même niveau que les émissions de CO2, notamment dans le cadre de la présidence française du G7.
La LPO va attaquer plusieurs de ces arrêtés devant le Conseil d’Etat, et compte bien se rendre sur le terrain afin de dénoncer ces pratiques cruelles et non sélectives.