Valérie Lemercier rencontre le public poitevin et niortais ce soir à l'occasion de deux avant-premières de son film "Aline", librement inspiré de la vie de Céline Dion. En flirtant avec la fable, le film va au-delà du traditionnel biopic et trouve sa force dans la fantaisie de la réalisatrice.
Il n'est pas nécessaire d'être fan de Céline Dion pour succomber au charme d'"Aline", l'héroïne incarnée par Valérie Lemercier dans son dernier film, librement inspiré de la vie de la star canadienne. Être sensible à la fantaisie de l'actrice et humoriste, également réalisatrice du film, suffit à emporter le public qui ce jeudi soir pourra découvrir le long-métrage en avant-première aux CGR de Niort et Poitiers, en présence de Valérie Lemercier.
L'actrice fait un premier arrêt ce soir à Niort pour présenter la séance de 19h30, (avant de répondre à une interview en direct dans votre 19/20 Poitou-Charentes!) et de reprendre la route et assurer un échange avec le public au CGR de Buxerolles, près de Poitiers, à l'issue de la séance de 20h15!
"Pas Céline, Aline!"
"Aline" se révèle un film à l'image de sa réalisatrice et actrice principale : enjoué, facétieux et un brin midinette, mais toujours suffisamment culotté pour emporter l'adhésion du spectateur. Valérie Lemercier y parvient dès les premières séquences du film qui décrivent l'enfance de la future star. Lorsqu'à un mariage, tout le monde l'attend pour chanter, on l'aperçoit de dos, petite fille dans sa robe de princesse, avançant jusqu'au rebord d'une scène qui lui arrive au niveau des yeux. Le spectateur ne voit qu'eux, le tour de passe passe est tout simple mais particulièrement efficace, Valérie Lemercier adulte est cette petite fille de 10 ans prête à bouleverser de sa voix le rassemblement familial en cours.Autour de la petite dernière d'une fratrie de quatorze enfants, toute la famille se rassemble, soudée, dans un même amour de la musique et de la chanson populaire. Dans son restaurant, la mère, sollicitée par ses clients qui affirment qu'ils ne reviendront que si la petite chante, décide de lui écrire une chanson, que son frère aîné enverra à une connaissance du show-biz, producteur star.
Si la trajectoire semble toute tracée et l'histoire connue (car même sans être un fin connaisseur du répertoire de Céline Dion, tout le monde connait le nom et le visage de son manager et futur mari, tout comme chacun est en mesure de reconnaître sa voix ou l'un de ses tubes), le spectateur se surprend à suivre cette histoire comme s'il la découvrait pour la première fois : sa première télévision en France chez Michel Drucker dans Champs-Elysées, son tube planétaire avec la bande-originale de Titanic (dont on apprend néanmoins qu'elle détestait la musique ?), les morceaux que lui écrit Jean-Jacques Goldman, bref, chaque fait résonne comme un écho à une culture populaire commune et semble rapprocher la star même de ceux qui ne suivent que de loin sa carrière.
Aline face à son personnage de star
Valérie Lemercier adopte une approche discrète et décrit les tourments de son personnage, ses douleurs et ses joies avec toujours la même bienveillance, souvent avec beaucoup, beaucoup de drôlerie, qu'elle reste fidèle à la réalité de sa vie ou dans l'invention pure. Il y a par exemple cette scène d'une efficacité et d'une drôlerie exemplaires, celle où Aline, qui a perdu sa voix et doit rester silencieuse pendant trois longs mois, retrouve enfin ses cordes vocales : la bouche pleine de dentifrice, elle se brosse les dents tandis qu'un tube de Jimmy Sommerville surgit à la radio et réveille toute la vie en elle. Et soudain, elle chante. Elle est ce "You Make Me Feel"; le tourbillon de la vie de la star est relancé dans une joie exhubérante et contagieuse.Mais une autre scène reste aussi en mémoire longtemps après le film lorsque, pour la première fois, Aline foule le sol des rues de Las Vegas après pourtant des années de concerts dans la ville. Elle était restée cloîtrée entre son immense et luxueux domicile et la salle de spectacle, se contentant d'allers retours quotidiens pour être près de son premier enfant et, tandis qu'elle marche seule (sic), incognito, un passant lui fait une remarque sur les paillettes de sa veste qu'elle retourne, puis, sur le même trottoir, deux clones d'Elvis Presley avancent qui la reconnaissent à travers son personnage et lui conseillent de jouer plus sur tel ou tel aspect du physique de la star pour encore plus lui ressembler, et on l'observe, indulgente, poursuivre sa route et s'asseoir sur un banc, face à elle-même et à son personnage, tandis que son public l'attendra ce soir-là en vain. L'image est bouleversante et dit toute la tendresse de Valérie Lemercier pour son personnage.