Les experts du GIEC ont rendu leur rapport sur le climat. Il est alarmant avec des échéances proches. Ils réclament des transformations rapides et sans précédent. En Nouvelle-Aquitaine, le rapport AcclimatTerra dresse un même constat d'urgence. Le changement, c'est maintenant.
400 pages. C'est un rapport détaillé et étayé que les experts de l'ONU ont présenté la nuit dernière à Incheon, en Corée du Sud. Dans un résumé à l'intention des "décideurs politiques", les scientifiques du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) exposent la menace d'emballement du réchauffement au-delà d'1,5°C (par rapport aux niveaux pré-industriels).
Chaque petit accès de réchauffement supplémentaire compte, explique Hans-Otto Pörtner à l'AFP.
Le co-président de cette session du GIEC précise
Passer 1,5°C accroît le risque de changements profonds, voire irréversibles, comme la perte de certains éco-systèmes.
Il n'est pas impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5ºC, selon le nouveau rapport du #GIEC @IPCC_ch. Mais cela nécessitera une #ActionClimatique urgente, sans précédent et collective dans tous les domaines. Il n'y a plus de temps à perdre. https://t.co/9xvR7uPijc https://t.co/Wn22N4Fnhz
— ONU Climat (@CCNUCC) October 8, 2018
Selon ce rapport, si les températures continuent d'augmenter au rythme actuel, sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, le mercure pourrait atteindre +1,5°C entre 2030 et 2052.
Et si les États s'en tiennent aux engagements pris dans le cadre de la COP 21, à Paris en 2015, ce sera +3°C à la fin du siècle.
Pour rester à 1,5°C, le GIEC estime qu'il faudrait réduire de 45% les émissions de CO2 avant 2030. Et le monde devrait atteindre une neutralité carbone en 2050, c'est-à-dire cesser de dégager dans l'atmosphère plus de gaz carbonique qu'il ne peut en retirer.
Jim Skea de l'Imperial College de Londres explique :
Nous avons cherché à voir si les conditions nécessaires pour tenir 1,5°C étaient réunies. Et oui, les lois de la physique, et de la chimie le permettent ainsi que les technologies.
La dernière chose à laquelle les scientifiques ne peuvent répondre, c'est si c'est faisable politiquement et institutionnellement.
Au moment où tant de peuples tentent l’expérience du repli sur soi, le #GIEC pointe l’urgence d’1 sursaut de coop internationale & européenne contre le changement climatique. + que jamais, la coalition des progressistes est partout nécesssaire, en France & ailleurs. #climat
— Florent Boudié (@florent_boudie) October 8, 2018
En Nouvelle-Aquitaine, le Conseil Régional a présenté en juin dernier un rapport assez semblable. La région a demandé au climatologue Hervé Le Treut, membre du GIEC, professeur à la Sorbonne-Université et à l'Ecole Polytechnique de conduire une étude avec près de 200 chercheurs à l'échelle de la nouvelle grande région.
Les conclusions de ce rapport AcclimaTerra, étaient aussi alarmantes que le rapport du GIEC. Les experts régionaux pointaient la nécessité de faire évoluer le modèle agricole, et d'accentuer le recours aux énergies renouvelables.
Résumé du rapport du GIEC : Une poignée d’années devant nous pour ne pas être la génération d’humains la plus coupable depuis l’apparition de l’Humanité.
— Nicolas THIERRY (@nthierry) October 8, 2018
Conseillère Régionale Europe Ecologie Les Verts, la charentaise Françoise Coutant rappelle
En 2016, 22,6% des énergies consommées en Nouvelle-Aquitaine, étaient des énergies renouvelables. Nous sommes plutôt bons.
Pour autant, cela n'a pas d'impact sur les niveaux de gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère.
C'est bien la preuve qu'il faut modifier nos comportements, nos systèmes de déplacement, et notre modèle agricole.
Selon le rapport AcclimaTerra, les gaz à effet de serre en Nouvelle-Aquitaine, proviennent pour 38% des transports et 27 % de l'agriculture.
Lors de la présentation de ce rapport le 1er juin 2018 à La Rochelle, Alain Rousset, président de la Nouvelle-Aquitaine, avait rappelé les objectifs :
Réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Réduire de 30% la consommation d'énergie, mais aussi porter à 32% la part des énergies renouvelables sur le territoire régional.
Supprimer les gaz à effet de serre cela implique des engagements concrets. La Région soutient par exemple la rénovation des logements pour les particuliers. Elle aide également à la création ou à l'aménagement de bâtiment plus efficients en matière de consommation d'énergie pour les entreprises ou les collectivités.
Mais l'élue écologiste Françoise Coutant rappelle :
Il faut aussi diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans les process industriels. Aller vers la suppression de certaines pratiques, comme l'extraction d'hydrocarbures dans la région.
En ligne de mire : le bassin de Lacq en Béarn, le deuxième plus gros bassin industriel de Nouvelle-Aquitaine. Un gisement de gaz. Un gisement d'emplois aussi dans les Pyrénées-Atlantiques. Mais l'élue argumente :
Si on ne met pas en place des politiques courageuses et efficaces, on va souffrir y compris économiquement. Nous engageons déjà le processus pour nous diriger vers d'autres emplois.
Sur le bassin de Lacq, il y a des initiatives comme la production d'hydrogène à partir de centrales photovoltaïques.
Françoise Coutant se veut à la fois déterminée et rassurante.
Il ne s'agit pas de tout arrêter du jour au lendemain, mais cela fait 20 ans qu'on alerte. Les solutions existent, elles demandent simplement des efforts et du courage.
C'est en substance aussi, le message adressé au monde par les scientifiques du GIEC. La prise de conscience semble bien réelle. La balle est désormais dans le camp des gouvernements pour des politiques globales. Le changement est aussi entre les mains de tout un chacun.