Dans la nuit du 3 au 4 novembre, 300 colleuses de Collages Féminicides se sont mobilisées dans toute la France pour dénoncer « l’inaction du gouvernement ».
À Bordeaux, Bayonne ou encore Périgueux, les colleuses des collectifs Collages Féminicides se sont rassemblées dans la nuit du 3 au 4 novembre. Les mots « Féminicides, état coupable, justice complice » s’étalent sur le Palais de Justice ou devant l’école de la magistrature de Bordeaux.
Depuis janvier 2019, ce sont 127 femmes qui sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Ce sont déjà trois de plus que le bilan total de 2018.On sait qu’une femme sur trois qui a porté plainte meurt ensuite de féminicide. Au-delà de ce chiffre, 62 % des plaintes sont classées sans suite. Cette non-prise en charge n’est plus possible.
Charlotte Monasterio, membre du collectif Collages Féminicides Bordeaux.
Des mesures ridicules
De 1 h du matin à 4 h, elles étaient quinze à s’activer à Bordeaux pour dénoncer « les mesures ridicules » du gouvernement.
Pour le collectif, l’Etat doit mieux prendre en charge ces femmes, aujourd’hui « moquées » des administrations policières et judiciaires.Aujourd’hui, quand on dégrade un bâtiment inscrit au patrimoine, on peut faire jusqu’à sept ans de prison. Pour prendre autant d'années en matière de violences conjugales, il faut que les actes soient répétés et qu'ils entraînent plus de 8 jours d'ITT. Si ce n'est pas le cas, les condamnations sont beaucoup plus faibles. On risque finalement moins en tapant sa femme qu'en dégradant un bâtiment.
Charlotte Monasterio, l’une des membres de l’antenne bordelaise.
On n’est pas prises au sérieux. Il faut que la justice nous montre qu’on peut lui faire confiance.
Pas de budget
Charlotte Monasterio et les collectifs reprochent au gouvernement le manque de moyens mis en place. Elles attendent donc une action du gouvernement, en lien avec les rapports que le collectif Nous Toutes lui transmets.Il faut que les actions fassent peur. En décembre dernier, un homme a défoncé la porte de sa compagne à coups de hache. Il n’a été condamné qu’à un stage de sensibilisation. Ça ne fait pas peur, ça !
Les violences faites aux femmes sont censées être l’un des objectifs majeurs du gouvernement. Pourtant, le budget n’est clairement pas là.
Agir pour être entendues
Le collectif mène des actions similaires depuis le 4 septembre, jour d’ouverture du Grenelle de Nous Toutes, pour dénoncer les violences faites aux femmes par leur conjoint ou leur ex.
Pour expliquer leur démarche, Collages féminicides a également publié dans Libération une tribune. Très visuelle, leur action est également largement relayée sur les réseaux sociaux. Les collectifs ont également appelé à marcher le 23 novembre prochain, dans toutes les villes de France.Hier soir, on a voulu montrer qu’on n’était pas une petite organisation, qu’on était capable de se faire entendre à l’échelle nationale. On est certes épuisées, mais tant que l’on continuera à voir le chiffre des féminicides grimper, on poursuivra nos actions.