Depuis la mise en place du confinement en pleine période de chasse, les fédérations souhaitaient que des dérogations soient accordées à leurs adhérents. L'Etat a décidé ce 2 novembre que seules les battues aux sangliers et aux cervidés seraient autorisées.
La chasse dite de loisir est suspendue, il est donc interdit de chasser une heure par jour dans la limite d’1 km autour de son domicile.
En cette période de confinement, seules les battues préfectorales sont autorisées pour les sangliers, les cervidés. Une décision prise par Bérangère Abba, secrétaire d’Etat chargée, entre autres, de la biodiversité afin de réguler la faune sauvage qui régulièrement fait des dégâts dans les cultures et les forêts.
Lorsque des chasseurs participeront à une battue diligentée par la préfecture, il leur faudra cocher la case « participation à des missions d’intérêt général sur demande de l'autorité administrative » de l’attestation de déplacement dérogatoire.
Les fédérations de chasse espèrent chasser d’autres espèces…
« Oui, on n'est plus dans une chasse plaisir mais dans une chasse devoir. On doit réguler les populations qui font des dégâts comme les sangliers, les cerfs, les chevreuils » explique le président de la Fédération de Chasse de Creuse Jean-François Ruinaud. Selon lui, 25 dossiers concernant les dégâts ont été constitués durant les deux dernières semaines dans le département.Les chasseurs de Creuse souhaitent étendre les battues aux renards et aux palombes (ou pigeons ramiers), qui, pour Jean-François Ruinaud pourraient « s’abattre sur les champs, manger les semences, faire des dégâts ».
Le Conseil Départemental de Chasse et de la Faune sauvage s'est réuni le jeudi 5 novembre. Représentants de l'Etat, du monde agricole, d'exploitants forestiers publics et privés, d'associations de protection de la nature et de chasseurs ont discuté de ces propositions soumises à la préfecture de Creuse.
La préfête de la Creuse a pris un arrêté ce 6 novembre pour autoriser le "prélèvement" des sangliers, chevreuils, cerfs et renards jusqu'au 1er décembre 2020 suivant des modalités spécifiques de chasse.
"La chasse du renard, de la fouine, de la martre, de la corneille noire, du ragondin et du rat musqué
(espèces classées susceptibles d’occasionner des dégâts), pourra également être pratiquée par
tir, piégeage et déterrage."
Les défenseurs des oiseaux s'insurgent
« C’est un peu facile d’utiliser l'argument des dommages causés pour chasser d’autres espèces. En Creuse, on n’a pas de chiffres, pas d’éléments concrets sur les dégâts que pourraient occasionner les pigeons ramiers ». Jérôme Roger, le responsable limousin de la Ligue de Protection des Oiseaux s'insurge contre ce type de chasse.Les défenseurs des oiseaux espèrent que le confinement qui arrive en pleine saison de chasse, permette d’apporter un peu de répit à des animaux comme la bécasse des bois, dont la population, toujours selon la LPO, n’est pas en très bonne santé. Aujourd'hui, près de 70% des espèces d'oiseaux présentes en Limousin sont protégées.
En avril 2019, la L.P.O a porté plainte contre l'Etat auprès de l'Union Européenne pour dénoncer 64 espèces chassées en France contre 29 en moyenne en Europe.
Le saviez-vous, les chasseurs doivent indemniser les agriculteurs
Chaque année, les chasseurs français doivent payer des millions d'euros pour les dégâts faits par les sangliers dans les champs. A titre d'exemple, en 2018, la Fédération de Creuse a dû verser 550 000€ d'indemnisation aux agriculteurs. Un poids financier pour ces structures, en 2019, la Fédération des Landes accusant un déficit de plus d'1,5 million d'€ a déclaré ne plus pouvoir payer ces indemnisations.La saison de la chasse est ouverte depuis le 13 septembre 2020 et jusqu'au 28 février 2021. En Haute-Vienne, on compte près de 7500 chasseurs actifs, 7000 en Creuse et près de 10 000 adhérents en Corrèze.