Crayons, stylos, ordinateurs mais pas de cartable. C'est reparti pour les cours en visio-conférence ! Comment les enseignants appréhendent-ils cette nouvelle période et quelles sont les leçons tirées du précédent confinement ? Témoignages.
Ce retour à l'enseignement à distance, ils s'y attendaient mais tous ne l'appréhendent pas de la même façon : Guillaume Léglise est professeur d'histoire géographie au lycée Brémontier de Bordeaux. Et il se dit prêt à ouvrir cette nouvelle parenthèse. "On a déjà pris notre rythme de croisière, car depuis quelques mois, le lycée dans lequel je travaille propose un enseignement hybride aux élèves( les cours sont en semi distanciel pour des effectifs réduits). Les profs et les jeunes sont donc habitués."
Fataliste, il reconnaît que se retrouver derrrière son écran d'ordinateur toute la journée, ce n'est pas l'idéal, ni pour les profs, ni pour les élèves :
Le confinement et le travail à distance, c'est hyper discriminant. Tous les élèves ne sont pas encadrés de la même façon.
Si l'improvisation n'est plus de mise comme durant le premier confinement, les problèmes ne sont pas tous résolus: manque d'ordinateurs, élèves en zone blanche, et pour certains, l'accès à internet qui se limite à un téléphone portable. "Certes, l'établissement scolaire a prêté quelques ordinateurs mais ce n'est pas suffisant."
La priorité est de garder le lien avec les élèves
Garder le contact social et pédagogique avec les élèves, c'est le plus important selon lui. " Il faut maintenir la motivation, sans les submerger de devoirs" préconise- t-il.
Quid du niveau des élèves? Lucide et fataliste, Guillaume Léglise reconnaît qu'il va forcément baisser. "L'enseignement à distance, ce n'est pas la vraie vie!". Mais il se veut optimiste pour la suite:
Les élèves, et notamment les terminales, rattraperont leurs cours plus tard. Ce n'est pas bien grave ! C'est d'ailleurs agaçant de parler de génération COVID ou de Bac Covid.
Fataliste mais volontaire, elle aussi. Aurélia Makdessi est professeur de français au collège Jean d'Albret à PAU. "Je vais faire une visio conférence par semaine pour chaque classe. Quand j'ai appris le retour du confinement, c'était un peu la panique dans les couloirs du collège: tous les profs couraient pour préparer les cours. J'ai imprimé plusieurs leçons de français pour que mes élèves aient un support papier."
Sur un plan personnel, comment s'organisent les profs ? Aurélia et son mari sont tous les deux en télétravail, ils ont deux enfants et vivent dans un appartement. Ils vont devoir concilier télétravail et garde d'enfants à la maison. "Pas toujours très facile, avoue-t-elle. Mais on va essayer de garder une bonne dynamique de travail; c'est important durant cette période si particulière. Tout le monde se lève à la même heures, vers 8 heures du matin...Comme à l'école ou presque..."
Qu'attend-elle de ses élèves concrètement?
Ils auront de la lecture et des devoirs à faire et quand je les retrouve par écran interposé, ce n'est pas vraiment un cours, c'est le maintien du lien. Et c'est important !
A- t-elle des craintes pour le brevet ? "Pas vraiment, d'autant plus que cet examen n'est pas un sésame aussi important que le bac. En fait, ce qui m'inquiète le plus c'est la capacité de travail qu'auront les élèves plus tard. Avec le confinement, certains vont perdre l'habitude de fournir un effort important."
Javier Gonzalez est prof de maths au collège privé Emmanuel d'Alzon de Saint-Médard-en-Jalles en Gironde. Ancien informaticien, il maîtrise parfaitement les outils numériques. Mais il n'a pas gardé un très bon souvenir du premier confinement :
Ce fut compliqué car les outils qu'on utilisait dans l'établissement où je travaillais étaient un peu archaïques. Ça ne marchait pas toujours très bien. Et tous les profs n'avaient pas forcément le même niveau de compétence numérique. J'en ai profité pour aider quelques collègues.
Cette fois-ci, Javier Gonzalez pense que ce sera plus facile, sauf en cas de bug informatique ou de piratage comme certaines régions ont pu le connaître ce mardi. "Nous avons opté pour un seul et même mode de communication à distance. Ce sera plus simple pour les élèves. Personnellement, je vais privilégier le travail en groupes : on a des outils en visioconférence qui nous permettent de faire des groupes de quatre élèves, je leur donne des devoirs et après on se réunit tous dans une même classe ...A distance bien sûr. C'est pénible mais on n'a pas le choix. En espérant que cela ne dure pas trop longtemps."
Une incertitude partagée par tous ces enseignants du second degré. Volontaires mais résignés. Comme un air de déjà vu...