Brassard noir et bruit de casseroles ! Les restaurateurs veulent se faire entendre. Le chef cuisinier Philippe Etchebest relaie l’appel de la principale organisation patronale du secteur l'Umih, et invite ses collègues à manifester contre les mesures de fermeture imposées à la profession.
 

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C’est l'appel à "ne pas mourir en silence" lancé aux professionnels par Philippe Etchebest et l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie.

A 11h45 ce vendredi, à l’heure où les brigades s’échauffent en cuisine, à quelques minutes du premier service, la profession est appelée à sortir de ses établissements avec un brassard noir, et à faire du bruit pendant une minute.  

Un mouvement pour protester contre la décision de fermer complètement les bars et restaurants dans plusieurs villes de France, dont Marseille et Aix-en-Provence, et pour s’opposer à la fermeture dès 22 heures des bars de plusieurs autres villes comme c’est le cas à Bordeaux et dans la métropole.

"On prend tout dans la gueule, ça devient insupportable", a tonné le chef sur le plateau de Franceinfo, lundi 28 septembre. Le patron du "Le Quatrième mur " à Bordeaux veut  alerter les pouvoirs publics sur la fragilité de sa profession aujourd'hui et des emplois des collaborateurs.

 "C’est juste pour montrer qu’on est là et qu’on est en train de mourir et qu’il faut absolument faire quelque chose". Selon lui, les restaurateurs sont "en train de crever" de même que leur personnel. Il est donc nécessaire de "faire du bruit". Mais il précise qu’aucune violence ne sera admise. "C’est une action pacifiste, sans violence, pas de désobéissance car je n’encourage pas cela", va-t-il ainsi insisté.         

Un concert de casseroles pendant une minute pour la baisse des charges sociales

Antoine Paul dirige le Café Brun, rue Saint-Rémi, à Bordeaux. Lui aussi a choisi d’être dehors ce vendredi midi. Il convie ses salariés à le rejoindre. Depuis la mise en place de l’arrêté préfectoral le 28 septembre, il estime avoir beaucoup perdu.

Vous savez, en temps normal, nous on fait notre plus gros chiffre entre 22h et 1h 45. Cette semaine, on est à moins 70, 80% c’est énorme. Faut pas que cela dure !

Antoine Paul - le café brun à Bordeaux -


Le Gérant se mobilise pour lui, mais aussi pour ses confrères. Il en fait une question de solidarité. L'action est annoncée dorénavant chaque vendredi. 

" Il faut soutenir aussi les restaurants car même s’ils ne sont pas fermés, avec des bars qui tirent le rideau plus tôt,  il y a moins de vie dans la ville. Les gens sortent moins et restent peut-être davantage chez eux à faire des dîners et des apéros ! "

Le secteur déplore la stigmatisation de la profession. L’Umih affirme ne pas faire la mendicité, approuve le maintien du chômage partiel décidé par le gouvernement mais réclame toujours une baisse significative des charges sociales pour reconstruire les trésoreries. Condition sine qua non pour sortir la tête de l’eau pour beaucoup de professionnels.

" Il faut que les politiques comprennent qu’il n’y a pas que l’industrie et les grandes sociétés. L’emploi est aussi disséminé dans les petits commerces et aujourd’hui le plan de relance est fléché à 99% vers l’industrie. Il n’y a rien pour les petites et moyennes entreprises ! s’insurge Laurent Tournier, le patron de l'Umih en Gironde.

Si  beaucoup d’artisans disent vouloir suivre le mouvement, certains, ont aussi décidé de ne pas porter le brassard noir le vendredi. C’est le cas de ce restaurateur bordelais qui souhaite garder l’anonymat. Il est pourtant adhérent à l’Umih mais juge ce type de rassemblement peu efficace pour faire passer un message au gouvernement.

" Moi, faire du bruit à midi moins le quart, c’est hors de question !  Je ne vais pas à l’encontre des décisions que prend l’Etat ! Si on nous fait fermer à 22 h, c’est qu’il y a une raison ! C’est vrai qu’avoir autant de charges dans ce contexte ce n’est pas normal, mais je respecte le protocole. Je suis complet tous les jours, je ne vais pas me plaindre ! Je préfère travailler un petit moins que fermer complètement."

Vers un protocole sanitaire renforcé ?

Lors de son point hebdomadaire consacré à la lutte contre la Covid-19, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a évoqué "des signes d'un début d'embellie" à Bordeaux, qui reste ,malgré tout, en alerte renforcée au coronavirus. Aucun nouveau territoire n’a été placé en zone d’alerte maximale aux côtés d’Aix-Marseille, mais le ministre de la santé a mis en garde Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne.

Les organisations professionnelles présentent ce vendredi de nouvelles mesures sanitaires au gouvernement pour le convaincre de laisser les établissements continuer leur activité, même dans les zones d’alerte maximale.
Il s'agirait notamment de mettre en place un cahier de rappel qui serait à la disposition des autorités sanitaires. Ils conserveraient durant un mois les coordonnées des clients l'acceptant pour aider, si besoin, à remonter le fil des cas contact.

Autres pistes évoquées : la possibilité pour les salariés comme les clients de prendre leur température avant l'accès à l'établissement et l'organisation d'un dépistage massif de tous les professionnels du secteur avec des accès prioritaires pour ceux-ci.

Le paiement se ferait systématiquement à table pour limiter les déplacements. Enfin, la limitation du nombre de personnes à une même table se réduirait à 8 au lieu de 10 aujourd'hui.

Les professionnels se disent prêt à jouer le jeu mais avec un certain fatalisme. Après avoir vu leur activité laminée par trois mois de fermeture dus au confinement, puis les restrictions imposées par le gouvernement et les pouvoirs publics, Laurent Tournier, le patron de l'Umih en Gironde est résigné.

" S’il faut appliquer de nouvelle règles, on le fera même si on sera encore les seuls à le faire ! Je ne pense pas que vous laissiez votre nom et votre numéro dans les supermarchés mais si c’est une condition pour continuer à travailler, on ira !"  

Selon l'Umih, environ 15% des 220.000 entreprises du secteur-cafés, bars, hôtels, restaurants, brasseries, discothèques pourraient mettre la clé sous la porte dans les mois à venir, et 220 à 250.000 salariés pourraient se retrouver au chômage.
 
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