Coronavirus et confinement : le casse-tête de ceux qui avaient prévu de déménager

Peut-on encore déménager depuis le début de la période de confinement ? Et comment faire lorsque ce n'est plus possible ? Pour tous ceux qui avaient prévu de changer de logement dans les jours ou semaines à venir, c'est un véritable casse-tête. Témoignages et élements de réponse. 

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Peut-on encore déménager en période de confinement ? Oui, à en croire la réponse apportée ce mardi par les services du ministère de l'Intérieur à nos confrères du Parisien et de Check-News (Libération), selon lesquels, si c'est absolument nécessaire, il est possible de déménager.

Dans ce cas-là, il faudra se munir de la fameuse attestation sur l'honneur, et si possible, de toutes pièces justificatives, comme un bail, un état des lieux, etc. 

En pratique, ça se complique !


S'il est théoriquement possible de changer de logement, c'est en pratique extrêmement compliqué, à en croire les très nombreuses réponses que nous avons reçues après un appel à témoignages lancé sur les réseaux sociaux. 

Yohan, 25 ans, devait par exemple quitter son appartement de Limoges pour rejoindre Bordeaux après y avoir trouvé un nouveau travail. Il avait loué un camion pour le 28 mars prochain, mais la réservation a été annulée. "Mon propriétaire m'a appelé pour savoir comment ça se passait, je lui ai expliqué, et il m'a dit que les prochains locataires étaient dans la même situation, alors je pouvais rester dans l'appartement pour l'instant" témoigne-t-il.

Je devais partir en Italie après avoir déménagé


Après avoir démissionné de son précédent travail, il devait aussi profiter d'une période de congés pour visiter... l'Italie ! "Évidemment, c'est impossible, alors à la place, je vais continuer à faire mes cartons tranquillement". Et que se passera-t-il le 20 avril, date à laquelle il est censé débuter son nouvel emploi à Bordeaux ? "Je suis web-designer dans une agence de communication, je pourrais travailler depuis chez moi, même si ce n'est pas idéal le premier jour !" 

Malgré toutes ces déconvenues, le jeune homme "relativise, j'ai plutôt de la chance, tout le monde est compréhensif, et puis vu la situation..."
 


Si le propriétaire de Yohan est conciliant, ce n'est pas le cas de celui d'Aurélie, qui doit quitter Saint-Victurnien avec son conjoint et ses deux enfants le 25 mars pour emménager à Aixe-sur-Vienne.

"Mon préavis se termine le 31 mars, et le propriétaire veut que je rende les clefs à cette date-là, sans négociation possible", regrette-t-elle. La gendarmerie ainsi que le numéro vert dédié au coronavirus, qu'elle a tenté de contacter, ne lui ont apporté aucune réponse positive. 

Que peut-il se passer à échéance du bail pour les personnes dans cette situation ? Peuvent-elles être expulsées ? Probablement pas pour le moment, car la trève hivernale, qui se termine normalement le 31 mars, a été prolongée de deux mois, comme l'a annoncé Emmanuel Macron jeudi 12 mars. Conséquence de cette disposition : aucune expulsion locative n'est possible avant le 31 mai. 

 

c'est un parcours du combattant


Antoine, lui, avait déjà fait l'état des lieux de son nouveau logement à Isle, où il devait emménager ce samedi 21 mars. Problème : le camion de location qu'il avait réservé n'est plus disponible. Il s'est tourné vers la mairie de Limoges, "ils m'ont répondu qu'ils ne donnaient pas d'autorisations spéciales pour déménager". Lui et sa compagne, assez stressés par la situation, vont rester pour l'instant dans leur logement actuel. "J'espère qu'on ne sera pas amenés à devoir payer deux loyers", poursuit-il. 


Et les professionnels ? 


Du côté des professionnels de l'immobilier, la situation n'est pas moins complexe, comme en témoigne maître Philippe Hogrel, notaire à Bellac. "Aujourd'hui, les études sont fermées au public, quasiment tout est à l'arrêt, hormis de très rares actes, qui peuvent être signés grâce à des procurations. Nos collaborateurs sont en télétravail, dans la mesure du possible." 

Une fois la protection des employés assurée, le notaire tente aussi de répondre à ses clients. "Toutes les études ont mis en place un système pour répondre aux gens, que ce soit par mail ou téléphone". Des recommandations en ce sens ont été communiquées par le conseil de l'ordre, car les notaires doivent assurer leur "mission d'officier public ministériel". 

On est tellement à l'arrêt qu'on est doublé par les escargots


Néanmoins, l'activité est plus qu'au ralenti "à ce stade-là, on est tellement à l'arrêt qu'on est doublé par les escargots", plaisante le notaire. Dans son étude, aucune vente n'a été signée depuis vendredi dernier.

Quid des délais légaux ? 


Et que va-t-il se passer pour tout ce qui est soumis à un délai, comme les permis de construire ? "Nous n'avons encore aucune information sur des prorogations de délais, mais je ne doute pas de la bienveillance de l'administration dans ces cas-là"

Dans contexte plus qu'incertain, le notaire tente tout de même de préparer la reprise : "on risque de passer de rien du tout à être débordés d'activité", imagine-t-il. "En espérant toutefois que ça n'affecte pas le marché sur le long terme"...
 
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