Coronavirus. Enseignants et élèves s'adaptent aux cours à distance

Trois jours après la fermeture totale des établissements scolaires, les enseignants poursuivent leur activité, à distance. De l'école à l'université, ils apprennent à travailler différemment et réfléchissent à des dispositifs pour retrouver une interactivité similaire à celle de la salle de classe.

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Ce mercredi, Lilou, élève de 5ème dans la Vienne, consulte son emploi du temps. En temps normal, le matin, elle a cours d'Histoire-Géographie et de Mathématiques. Depuis chez elle, elle reprend le même programme. A la différence près qu'elle le suit depuis le site ProNote.

"Les profs nous envoient tout sur le site. On a les exercices et on peut leur poser des questions", raconte-elle. "En Histoire-Géograhie, on travaille sur l'humanité en croissance démographique et en Mathématiques, on fait de la géométrie."

Ca ne me gène pas de ne pas avoir le professeur en face de moi comme en classe puisqu'on peut se parler par messages (Lilou, élève en 5ème)

Depuis le début de la semaine, avec sa soeur, elle travaille à la maison et ne s'en plaint pas. 

"Ca me plait de travailler comme ça. Ca ne me gène pas de ne pas avoir le professeur en face de moi comme en classe puisqu'on peut se parler par messages. Et puis, je peux m'organiser comme je veux. En Mathématiques, la prof nous a envoyé les corrections des exercices qu'elle nous avait donnés, vendredi, avant la fermeture", poursuit-elle.
Ses parents, eux aussi tous les deux à la maison en raison du confinement, observent leurs filles travailler.

"Elles bossent, ça oui!", s'exclame sa mère. "Hier, elles y ont passé du temps. 2 heures le matin, 2 heures l'après-midi."

Par le biais du comité d'entreprise de leur père, elles ont toutes les deux accès au service en ligne Prof Express, l'un des nombreux sites aujourd'hui disponibles pour l'aide aux devoirs, avec par exemple Maxicours.com ou Lumni.

"La plus grande y a trouvé des cours et des exercices en lien avec son programme de lycée", poursuit la maman. "Elle trouve ça intéressant et apprend des choses."

De l'autre côté de l'écran d'ordinateur, les enseignants sont eux aussi entrés dans le vif du sujet. Il faut faire la classe depuis la maison.

Pour l'instant, je propose surtout des révisions aux enfants. Je n'ai par exemple pas encore réussi à joindre certaines familles et ça, c'est un problème (Marie, professeure des écoles)

"On fait ce que l'on peut!"

Marie est professeure des écoles depuis 20 ans dans la Vienne et confie que depuis le début de la semaine, "on fait ce que l'on peut!"

"J'essaie pour l'instant d'aider les élèves qui m'envoient des messages du genre, 'Je n'arrive pas à ouvrir le fichier!'"

Les activités pour la journée sont prêtes mais elle reconnaît que les réseaux en ligne de l'Education nationale "sont parfois un peu saturés", même si "ça va mieux aujourd'hui qu'en début de semaine".

"Pour l'instant, je propose surtout des révisions aux enfants. Je n'ai par exemple pas encore réussi à joindre certaines familles et ça, c'est un problème. Soit parce que les parents n'ont pas accès à Internet, soit parce que ça leur est égal. Certains font la sourde oreille, malheureusement", constate-elle.

Les enseignants s'appliquent pourtant à mettre en place les dispositifs pour maintenir le contact avec tous leurs élèves.

"Parmi mes collègues, dans les petites communes, certains déposent des documents papier à la mairie ou même parfois les envoient par courrier postal aux parents. Tant que la Poste fonctionne et distribue le courrier, ça va!"

Pour elle, il est évident qu'il va "être difficile de poursuivre les apprentissages". "On va évidemment prendre du retard sur les programmes, mais ce sera la même chose pour tous les élèves, on saura en tenir compte à la rentrée prochaine."

Certains de mes élèves n'ont pas d'ordinateur à la maison où n'ont pas accès à Internet, ou parfois à des connections très lentes. Ils sont pénalisés. (Isabelle, professeure en collège)

Fracture numérique

Dans son collège des Deux-Sèvres, Isabelle trouve que "tout se déroule dans la précipitation".

"Chaque établissement s'organise comme il peut. Dans le mien, on utilise un fil de messagerie pour répondre aux questions des élèves et leur transmettre les cours et les exercices et on fait en sorte que les réponses qu'on envoie bénéficient à tout le monde."

Professeure de langues étrangères, elle fait partie des enseignants habitués aux outils numériques en classe. 

"Je constate que la crise que l'on vit défavorise les élèves les moins bien lotis à la maison", raconte-elle. "Certains de mes élèves n'ont pas d'ordinateur à la maison où vivent en milieu rural et n'ont soit pas accès à Internet, soit à des connections très lentes. Eux sont pénalisés."

Pour elle, le plus important aujourd'hui est de "maintenir le lien avec les élèves pour éviter tout décrochage". En ce début de semaine, elle constate que "beaucoup d'élèves s'investissent".

"Ca suppose de leur part une réelle autonomie. J'espère qu'ils resteront mobilisés pendant toute la période de confinement", poursuit-elle.

Pour les élèves n'ayant pas accès à un ordinateur à la maison, elle demande à ce qu'un parent fasse des photographies des devoirs réalisés sur papier pour les lui envoyer par MMS.

"Ils ont tous besoin d'être accompagnés, je ne peux pas les laisser seuls", poursuit-elle, après une matinée passée à répondre à une quarantaine de mails d'élèves et de correction de devoirs.

Isabelle fait partie des enseignants volontaires pour garder les enfants des personnels médicaux mobilisés pour soigner les malades. "Je veux être solidaire à 100% avec eux", poursuit-elle. "Je me demande juste qui va garder les enfants de mon chef d'établissement quand ce sera son tour de garde. On n'a pas pensé à tout le monde."

Inventer des solutions

Si les premiers jours de confinement se révèlent tendus pour un certain nombre d'enseignants, tous reconnaissent que la situation les force à s'adapter.

La situation nous force à trouver de nouveaux moyens de travailler pour reproduire au plus près les interactions que l'on a en cours avec les étudiants (J. Boutault, professeure d'Anglais)

Joasha Boutault enseigne l'Anglais à l'université de Poitiers et observe le bouleversement de son quotidien.

"Je me rends compte que la situation nous force à trouver de nouveaux moyens de travailler pour reproduire au plus près les interactions que l'on a en cours avec les étudiants. Je suis convaincue que tout le travail que je fais en ce moment sera utile l'an prochain, comme par exemple pour les étudiants dispensés d'assiduité. Les solutions que l'on va trouver pendant le confinement vont leur être bénéfiques car on essaie de reproduire au plus près un cours en présence."

Les enseignants réfléchissent à des dispositifs pour retrouver une interactivité similaire à celle de la salle de classe. Pour certains, ce sont des vidéos sur leur chaîne YouTube. Pour d'autres, ce sont des documents PowerPoint avec des fichiers audio intégrés, pour d'autres des séances par petites groupes via Skype.

"Pour les cours en laboratoire de langue, tous les fichiers sonores sont par exemple disponibles en ligne. Les élèves s'enregistrent de chez eux et nous renvoient les fichiers que l'on peut écouter de chez nous pour vérifier leur travail. On trouve des solutions aux problèmes!"

En cette première semaine de confinement, les rayons de soleil lui permettent de travailler face à son jardin. La journée a été dense mais productive. Lilou, elle, a pris le temps d'une pause dans le jardin avec ses parents et sa soeur, avant de reprendre sa journée de classe à la maison. 

 
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