Ils sont, par définition, les plus à même de faire des piqûres et donc normalement en première ligne en ces temps de vaccination massive. Pour autant, entre organisation sanitaire globale et comportements du public peu respectueux des réservations prises, les infirmiers de ville ont l'impression d'être la variable d'ajustement du plan vaccinal.
Pour Nadine Huet-Lachaud, infirmière libérale à Brive, le programme de cette fin décembre 2021 était très clair : ce mercredi 22 décembre devait être le début de ses vacances, 10 jours de repos, après des mois de tension. C'est pourtant à son cabinet, masque sur le nez et seringue à la main, que notre équipe l'a rencontrée : "Je vaccine pendant mes congés, pendant mes jours de repos, on ne peut pas faire autrement." La semaine prochaine Nadine a déjà une autre journée de vaccin programmée, elle devra interrompre ses vacances.
Les infirmiers de villes sont surchargés. Leur plus-value évidente : ils sont les seuls à se déplacer. Et puis la piqûre c'est leur cœur de métier.
Le cabinet de Nicolas Philippe, infirmier libéral à Brive lui aussi, fait à domicile quatre à cinq vaccinations par jour. "Ça permet une continuité des soins pour ceux qui n'y ont pas accès, qui n'ont pas de mobilité. Certaines personnes âgées ont beaucoup de difficultés à prendre des rendez-vous, que ce soit par internet ou par téléphone."
Hôpitaux, médecins, pharmacie, vaccinodromes, tout le monde s'y met. Pour les infirmiers libéraux, faire partie du dispositif, c'est à la fois une évidence professionnelle et le maintien du lien avec la patientèle. "J'ai un rapport de confiance avec eux qui est quand même important. Du coup j'ai pris contact et ils se sont adaptés à mon emploi du temps," explique Cédric Zimmermann.
Cependant la gestion du planning est très compliquée. Entre les doses qui n'arrivent pas, les rendez-vous qui ne sont pas honorés, les annonces gouvernementales difficiles à anticiper, la profession vit au coup par coup. "Les gens se permettent de choisir leur vaccin, moi je veux pas celui là, je veux celui ci, etc. De prendre des rendez-vous partout et au final d'aller au plus rapide. Et ça pour s'organiser, clairement, c'est compliqué," déplore Jean-Baptiste Bargues, un autre infirmier.
Ce qui est certain en revanche pour les infirmiers, c'est qu'il peuvent oublier toute idée de trêve des confiseurs, les prochains jours seront chargés.