45 postes à pourvoir ce vendredi en gare de Brive-la-Gaillarde par l’intermédiaire de La CGT cheminots 19 pour convaincre la SNCF qu’il y a des candidat.es intéressé.es par l’entreprise

Conséquence de l’externalisation « à outrance pratiquée par la SNCF » le métier de cheminots fait de moins en moins recette. Alors la CGT cheminots cherche à faire la preuve à l'entreprise qu’il y a des candidats et candidates potentiel.les, notamment dans le bassin de Brive pour intégrer le fleuron français du rail. Rencontre

Il faisait 4 degrés devant la gare de Brive la Gaillarde à 7 heures ce vendredi matin. Massés devant, sous une tente rouge, des agents de la SNCF. Des militants CGT cheminots, non pas pour un piquet de grève, mais pour re-cru-ter. Ce n’est pas eux qui embauchent directement, ils font campagne pour rendre attractif le métier de cheminot et pour faire la démonstration à leur employeur qu’il y a des personnes intéressées par la SNCF et qui rêvent peut-être d'y travailler. « Nous sommes là depuis 7h du matin et nous sommes un peu surpris du monde qu’il y a. Tout le monde nous dit que c’est une très bonne chose », s’enthousiasme Franck Arrivé, délégué CGT cheminots.

Présents ce jour-là, des hommes, des femmes, des parents qui accompagnent leur jeune en recherche d’emplois, avec plein de questions. « Je me souviens d’une mère qui accompagnait sa fille pour le métier de contrôleuse » des profils très variés. 45 postes sont d'ailleurs à pourvoir dans tous les secteurs. 

Collecte

En début d'après-midi, le collectif a recueilli plus de 80 CV sur des profils très différents. Cette opération recrutement à la sortie de la gare de la capitale corrézienne se passe dans un contexte social particulier. Plusieurs fermetures d’usines avec des licenciements chez Deshors Moulage par exemple, ou chez BorgWarner qui ferme en mars. « On a reçu des ex de Deshors Moulage ce matin, des gens qui étaient dans la métallurgie qui essaient de se reconvertir », raconte Franck Arrivé. Quand on s’étonne du fait que ce soit des syndicalistes qui se mettent à faire des campagnes de recrutement, le délégué présent ce jour-là tient à faire une mise au point. « On essaie de faire l’intermédiaire avec notre direction qui depuis plusieurs années, justifie le fait que s’il n’y a pas de recrutement c’est qu’il n’y a pas de candidature. Seulement, on s’aperçoit qu’à Brive par exemple, un territoire un peu sinistré en termes d’emploi, les 40 offres proposées aujourd’hui, trouvent preneurs », argumente Franck Arrivé.  

Externalisation

Si les agents de la SNCF en sont réduits aujourd’hui à faire du démarchage pour encourager l’entreprise à intégrer de nouveaux salariés, c’est pour une raison bien précise confient les organisations syndicales. Et la raison porte le nom barbare d’ex-ter-na-lisation. « Sur le métier de conducteur de trains par exemple, ça faisait longtemps que l’entreprise n’avait pas recruté en externe, alors qu’il y a des offres de postes de prévu, pointe le délégué syndical. Sans oublier les postes d’aiguilleurs, d’agents de voie au niveau de l’équipement et des agents de maintenance dans le secteur industriel (peintres, soudeurs, électriciens, motoristes) ».

La SNCF externaliserait-elle donc sciemment ? Pour quelles raisons ? Économiques ?  « Si l’entreprise faisait un peu de communication, elle aurait certainement des candidats pour occuper ces postes non pourvus aujourd’hui », affirme le délégué. Mais la pratique en vigueur c’est l’externalisation à tout prix des métiers, pourtant si la SNCF ré-internalisait des fonctions ferroviaires, ça générerait une centaine d’emplois rien que sur le bassin de Brive, donc il y a urgence ».

Conséquences

 

L’appel à des sociétés extérieures pour des missions qui ne sont plus confiées aux agents SNCF a des conséquences « désastreuses » s’inquiète le délégué syndical. « On a eu 2000 trains TER en 2021 sur le Limousin qui ont circulé sans contrôleurs. C’est très grave. La région Nouvelle-Aquitaine a pourtant fait le choix d’avoir toujours un contrôleur à bord des trains mais la vérité, c’est qu’on a régulièrement des trains qui circulent sans contrôleurs. Ce qui démontre le manque criant d’effectif. On ne peut continuer ainsi », prévient Franck Arrivé. Autres exemples des conséquences de l’externalisation visibles en ce moment ? « On est en hiver, et l’entretien du givre sur les caténaires, ou l’entretien des arbres aux abords sont externalisés, ce n’est plus la SNCF qui s’en occupe. On fait travailler des entreprises privées qui n’ont pas de connaissance en risque ferroviaire, ce qui implique la fermeture des lignes, alors qu’avant on savait faire des travaux sur une voie, tout en permettant la circulation des trains sur l’autre. Voilà où on en est aujourd’hui », s’exaspère l’agent SNCF. 

Logiques financières ?

Mais pour quelles raisons, la SNCF se désengage-t-elle donc de ses missions ? Le délégué syndical a des hypothèses. « Quand l’entreprise externalise elle le fait avec des grands groupes privés type Eiffage, Vinci qui capitalisent de l’argent public en offrant des services à la SNCF ».

Par Cynisme ?

« Sous prétexte d’économie, ajoute le syndicaliste, on dégrade un service public. On ne permet plus d’avoir des services dans les gares, on supprime les guichets, on vend des billets du jour et pas du lendemain, tout est fait pour décourager l’usager d’accéder à un service en gare. Souvent, le billet pris en gare peut coûter plus cher que les prix trouvés sur Internet. Est-ce que c’est ça qu’on veut », interroge-t-il.  

Précédent

L’opération a déjà eu lieu en gare de Limoges, début décembre dernier, « et ça a été une belle opération, bien perçue par les usagers croisés, se souvient Loïc Couderc secrétaire général CGT cheminots du secteur fédéral de Limoges. « Depuis on a réussi à recueillir une cinquantaine de CV, une boite mail dédiée est d’ailleurs ouverte et les candidats continuent d’envoyer leurs propositions » se satisfait l’élu syndical.  A Limoges, aussi, « on fait le constat que l’entreprise a des difficultés pour recruter, on est d'ailleurs en difficulté un peu partout dans tous les services . Raison pour laquelle on s’est mis à engager ces démarches pour faire la preuve qu’il y a des candidatures et qu’il faut les examiner » insiste Loïc Couderc. Les profils recherchés sont divers et variés, « ça part des métiers de l’exploitation ferroviaire, en passant par les métiers transverses, type RH ou administratifs. On reçoit des personnes de tous âges, des étudiants ou des candidats de plus de 50 ans", détaille le syndicaliste.  « Avant, il y avait le statut de cheminots donc il fallait avoir moins de 30 ans pour pouvoir en bénéficier. Cela participait à l’attractivité du métier, mais les choses ont bien changé. Aujourd’hui tout le monde est logé à la même enseigne, mais ça reste un métier attractif » tempère l’agent SNCF. Même s’il faut dire qu’il y a souvent des déçus, quand on rentre un peu dans les détails.  

Salaires

 

En termes de rémunération, « elle s’appuie sur la grille salariale du statut de cheminot qui est en fait en dessous du SMIC, à peu près 1300 euros. Donc travailler en horaires décalés, souvent les week-ends, c’est pas très engageant, il faut le reconnaître ». Mais reprend l’élu syndical, « on a eu une discussion sur la convention collective pour essayer de résoudre le niveau de rémunération. Parce que les conditions comprises dedans sont en dessous de ce qui se fait à la SNCF. Après, tout dépend de la négociation ». Les avantages ne sont donc plus ce qu’ils étaient ? « Aujourd’hui, on est sur du gré à gré, par exemple un poste de contrôleur payé 18.000 euros avec prime comprise et le 13e mois, si le salarié veut avoir une rémunération plus intéressante il doit négocier avec le dirigeant de l’unité. Après calcul le salaire tourne autour 1384 euros par mois » confie Loïc Couderc. 

Si l’on se résume, ces conditions n’encouragent donc pas des candidatures spontanées, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, « on veut montrer à la direction qu’il y a des gens qui veulent venir », insiste le secrétaire fédéral. La direction dit qu’elle n’a pas besoin des organisations syndicales pour recruter, mais Il y a certains services qui nous remercient pour saluer notre démarche » se satisfait l’élu syndical. Reste à savoir ce qu’il adviendra des CV collectés ou déposés sur la plateforme de recrutement en ligne.

Témoignage :

Des jeunes en recherche d’emploi à la Mission locale de Brive, présents sur l’opération 

« Dès qu’on a été informés de l’opération, on a tout de suite pris le parti d’y aller, parce que c’est rare d’avoir des professionnels en direct pour répondre à nos jeunes en recherche d’emploi », explique Laurent Vitrat, chargé des relations entreprise à la Mission locale de Brive. L’intérêt pour nos jeunes étant pour eux de savoir quelles étaient les opportunités d’emplois, et les conditions d’exercice du métier. J’ai accompagné ce matin une quinzaine de jeunes sur place (entre 18 et 25 ans) en recherche d’emplois. Avec des profils divers, dont certains qualifiés en électricité, d’autres en mécaniques, ou engagés dans des formations qui ne leur convenaient pas, et qui souhaitaient valider un nouveau projet professionnel. Ils ont pu avoir en face d’eux des conducteurs de trains, des contrôleurs, des aiguilleurs, des électriciens, des mécaniciens, pour répondre à toutes leurs questions. L’autre chose qui était intéressante, c’est qu’ils ont pu découvrir le site de recrutement de la Sncf, accompagné par les salariés. Leurs CV ont été collectés pour transmission aux différents services des ressources humaines. C’est atypique, mais c’était tout à fait bénéfique pour la mission locale, la seule précaution qu’on a prise c’est de ne pas tomber dans de la récupération politique, ce qui n’était pas le cas. Un cas concret, on a quelqu’un dans le groupe qui a demandé comment se former comme conducteur de train. On a appris que la formation se déroule à Paris. Sur ce type de formation, la Mission locale peut financer les allers retours sur Paris et le logement du jeune sur place, pour qu’il puisse réaliser son projet. La formation elle est financée par la Sncf, elle n’est pas à la charge du jeune. Donc ça, c’est une très bonne chose ».

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