Gabin Formont, créateur de la chaîne Vécu, était auditionné ce 29 septembre 2020 à Brive. Il est poursuivi pour outrage lors d'un incident avec les forces de l'ordre, le 8 août, en gare de Brive, alors qu'il ne portait pas de masque dans le train. Il est renvoyé en correctionnelle.
Gabin Formont comparaissait, ce mardi 29 septembre 2020, au tribunal de Brive (Corrèze). Le fondateur du média indépendant Vécu, ancien fervent soutien des Gilets Jaunes et qui tient désormais des propos anti-masque, est poursuivi pour rébellion, outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique et outrage à une personne chargée d'une mission de service public. Il est défendu par maître Libeskind du barreau de Paris, co-fondateur de l'association Robes noires et gilets jaunes. En soutien, une quinzaine de personnes étaient devant les grilles du tribunal.
Il s'agissait d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, procédure rapide pour juger l'auteur d'une infraction. Mais le mis en cause a refusé cette procédure, ne reconnaît pas les faits, et comparaîtra finalement au tribunal correctionnel le 8 décembre 2020.
L'interpellation en direct
Le 8 août 2020, de retour de vacances, alors qu'il voyage avec sa compagne et la fille de cette dernière, un contrôleur demande au couple de mettre son masque correctement. La situation s'envenime. À l'arrêt en gare de Brive, la police monte à bord."Il y avait de leur part une volonté de nous sortir du train, on nous a traité comme des coupables tout de suite. J'étais en colère mais s'ils avaient cherché à m'apaiser, ça se serait bien passé".
Les faits sont, à partir de ce moment, diffusés en direct sur un réseau social par Gabin Formont. Sur cette vidéo d'une quinzaine de minutes, on y voit Gabin Formont mettant notamment en avant des ennuis de santé qui l'empêcheraient de porter un masque. Plus tard, il dira qu'il souhaitait manger et que c'est pour cette raison qu'il ne porte pas le masque sur la bouche.
Les policiers lui demandent alors de descendre pour régler le différend et procéder à des contrôles. Sur le quai, le ton monte. Gabin Formont, qui a eu une enfance difficile, n'aurait notamment pas supporté que la fille de sa compagne, âgée de 10 ans, assiste à ces scènes. On entend la fillette crier et pleurer. Malgré les protestations, Gabin Formont est maîtrisé. Il est placé en garde à vue.
"C'est une situation rocambolesque", témoigne Gabin Formont à l'entrée du tribunal de Brive ce mardi matin. "J'ai un casier judiciaire vierge, et je me retrouve, à 30 ans, devant un procureur. J'ai envie de me défendre. J'ai envie de défendre mon droit à vivre, à respirer, à être libre !"
Le contrôleur et les policiers affirment qu'il y a eu des insultes. "Ils n'ont fait que leur travail", plaident leurs avocats.
Creuse, cannabis et omelette
Gabin Formont a fait une partie de sa scolarité à Guéret (Creuse). Après des études de marketing, il se lance, en 2016 à Paris, dans la création d'un commerce d'omelettes à emporter, puis en 2018, dans l'ouverture d'un coffee-shop vendant des produits dérivés au cannabidiol (cannabis allégé). Ces aventures n'ont pas duré.Des Gilets jaunes aux anti-masque
En décembre 2018, lors du mouvement des Gilets Jaunes, il prend fait et cause pour les manifestants et crée la chaîne YouTube Vécu. Plusieurs médias nationaux lui consacrent des portraits, comme Libération ou les Inrock en 2019. Sur sa chaîne : des vidéos de soutien aux Gilets jaunes ou encore contre les violences policières.Depuis la crise sanitaire, Gabin Formont a changé de cheval de bataille et se positionne comme un anti-masque, notamment pour les enfants, évoquant une "dictature sanitaire".