Il sort un livre par an, travaille dur, mais reste ancré dans le quotidien et dans la réalité de son territoire : la Corrèze. Paysannerie, exode rural, télétravail, climat... L'écrivain corrézien nous livre son regard sur le monde à l'occasion de la sortie de son 45ᵉ roman.
Comme chaque année, l'écrivain corrézien sera présent à la Foire du Livre de Brive, une 41ᵉ édition présidée par Florence Aubenas. Il fait d'ailleurs partie des auteurs très attendus du public. À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Une famille française, paru le 3 octobre 2023 chez Albin Michel, Christian Signol nous a accordé un entretien.
Rédaction web de France 3 Limousin : de quoi est-il question dans ce nouveau roman ?
Christian Signol : C'est l'histoire d'une famille française depuis les années 60 jusqu'en 2020. Trois générations. La première génération est celle des paysans. La deuxième génération, ils sont enseignants en banlieue parisienne, pas facile... et la troisième génération, les petits enfants qui ont fait de grandes études et vivent dans les grandes métropoles.
C'est en quelque sorte le chemin qu'ont parcouru 60% des familles françaises qui sont passées, en soixante ans, de la paysannerie aux universités...
Et en même temps, ce livre est une histoire de la France puisque je tiens compte des événements historiques qui se sont déroulés dans cette période.
C'est une préoccupation de bon nombre de vos romans : le monde rural. Quel est son avenir selon vous ?
Cela ne date pas d'aujourd'hui l'exode rural... Ça a commencé au moment de la révolution industrielle au 19ᵉ siècle, et cela n'a fait que s'accentuer au 20ᵉ siècle. Les gens ne partent pas par plaisir, ils s'en vont là où il y a de l'emploi.
Mais on peut quand même espérer qu'avec les nouvelles méthodes de travail, par exemple le télétravail, et depuis la covid, il y a une espèce de retour vers le monde rural, le monde naturel, le monde sensible. Parce que les gens ont été privés pendant deux ans de liberté, de voir des arbres... Et ils ont compris que c'était peut-être essentiel et sans doute indispensable à leur vie.
Vous êtes rural ou citadin ?
Je suis les deux. Je vis à Brive en ville et j'ai une maison à la campagne dans laquelle je vais très souvent, pas loin du village où je suis né. J'essaie de vivre sans rien perdre de ce qui m'est précieux, tout en vivant en ville pour mes enfants, pour qu'ils puissent faire des études plus facilement.
Vous écrivez beaucoup, beaucoup trop ?
C'est vrai que c'est trop ! Un livre par an, c'est beaucoup. J'écris le matin, une heure ou deux, ça fait deux pages, ça fait quand même soixante pages en un mois... Et si on s'y tient, ça fait 240 pages, c'est-à-dire un petit roman en quatre mois, donc c'est beaucoup. Si j'écris plus, après, je disjoncte, j'ai du mal après à repartir après dans les jours qui suivent. Le reste du temps, je sors, je fuis... je me recharge en rencontrant des gens. Je me recharge en images, en paysages…
Maintenant, après avoir écrit quarante-cinq romans, je vais être obligé de ralentir. Dans les lycées et collèges, certains élèves me demandent "Monsieur, est-ce que vous croyez en l'inspiration ?" Je leur dis non, je crois en la transpiration !
La question climatique est évoquée dans votre roman, ça vous préoccupe ?
Oui un peu quand même ! Parce que j'ai des petits enfants et je trouve ça très préoccupant, mais en même temps, je me dis que toutes les générations vieillissantes ont toujours pensé que c'était mieux avant ou que tout était perdu... pas du tout... Moi, je suis un minimum optimiste, c'est-à-dire, je crois malgré tout qu'on finira par trouver les solutions... D'ailleurs, on a déjà commencé avec l'électrique, les éoliennes, malgré ce qu'on en dit, avec d'autres sources d'énergies différentes. Il faut accentuer cette tendance-là, mais on trouvera. Tout ira mieux demain !