Témoignages. "Pour Malemort, c'est un choc ! " : Géant Casino, réactions à la fermeture annoncée

Publié le Écrit par Thomas Chollet LunotMathilde Brazeau et Camille Chignac
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C’est désormais une certitude : le premier hypermarché implanté en Corrèze dans les années 70 fermera ses portes le lundi 30 septembre prochain au soir. Le Géant Casino de Malemort est l’une des 23 grandes surfaces de l’enseigne qui n’est pas rachetée par Intermarché, Auchan et Carrefour. L’incertitude pesait depuis l’annonce, en avril dernier, de la mise en vente de ses 288 magasins par la direction du groupe.

"Y’aura plus rien ? Même pas une épicerie, quelque chose ? Non ? Et les caissières, qu’est-ce qu’elles vont faire ?" Marguerite est incrédule. Cela fait trente ans que cette retraitée vient tous les deux jours faire ses courses dans cette grande surface. Alors, à l’annonce de la fermeture de son magasin dans une quinzaine de jours, cette cliente se questionne : "je me demande où je vais aller."

Un peu plus loin, sur le parking du supermarché, un autre habitué s’attriste : "ça va faire un grand vide pour Malemort. C’était bien placé…"

Pour Malemort, c’est un choc !

André Beneteau

Client du Géant Casino

Soixante-neuf employés bientôt sur le carreau 

"Le magasin de Malemort fermera ses portes (...) en raison du recentrage du Groupe Casino sur les magasins de proximité, nous précise le groupe par mail. Durant ces derniers mois, le Groupe Casino, aidé par les élus locaux, s’est fortement mobilisé pour trouver un repreneur. Des discussions sont toujours en cours, mais à ce jour, aucune offre n’a été finalisée."

Même s’ils sentaient la mauvaise nouvelle poindre, c’est un coup dur pour les soixante-neuf salariés qui seront placés, dans un premier temps, en dispense d’activité rémunérée et intégreront le Plan de Sauvegarde de l’Emploi. La direction précise que "des mesures d’accompagnement, notamment en matière de reclassement et de formation, seront mises à leur disposition."

Laurent, pâtissier depuis trente-trois ans dans cette grande surface et délégué syndical pour la CFDT, ne cache pas son dégoût : "C’est toujours plus de dividendes, toujours plus de profits, toujours plus d’argent, sur le dos des salariés."

 

C’est un gâchis : on a un savoir-faire, on a une dimension sociale, c’est énormément de gâchis…

Laurent Bouthouyrie

Délégué syndical CFDT et pâtissier du Géant Casino

 

Le salarié s’inquiète aussi pour ceux qui ne sont pas pris en compte dans cette fermeture annoncée : les contrats extérieurs, comme les femmes de ménage ou les artisans qui viennent ici pour l’entretien des 8000 m² de surface commerciale.

La galerie marchande restera ouverte 

Dans les quelques commerces de la galerie marchande, qui elle, n'est pas concernée par la fermeture à la fin du mois, on s’inquiète aussi un peu. "Notre souhait, c'est de dissiper l’amalgame et de porter la parole auprès de nos clients pour dire qu’on reste ouverts, que tout fonctionne normalement, et qu’on se porte bien", explique Patrice Gane, opticien ici depuis trente ans. Alors le gérant de cette boutique d’une grande enseigne d’optique s’est permis d’envoyer un SMS à chacun de ses clients pour les informer que le magasin de lunettes reste ouvert. "Évidemment on appréhende un petit peu le fait de ne plus avoir d’hypermarché, mais c’est une période qu’il faut franchir", ajoute le commerçant.

Dans la cordonnerie voisine, on compte aussi sur la fidélité des clients malgré l’observation d’une perte de 20% de chiffre d’affaires, en raison d’une baisse de la fréquentation.

 

Je suis assez abattu…

Laurent Darthou

Maire (UDI) de Malemort

 

 "On a connu dans notre commune d’autres crises, mais celle-ci est importante", reconnaît le maire (UDI) de Malemort, Laurent Darthou. "Je pense qu’on est sur des enjeux nationaux et internationaux qui nous dépassent."  Si cela peut ressembler à un aveu d’impuissance, l’élu ne se résigne pas et n’a pas perdu espoir en vue d’une éventuelle reprise de la grande surface. Mais à quelle échéance ? Certainement pas avant le 30 septembre.

L'hypermarché a ouvert ses portes pour la première fois en 1972. Désormais, il n'est plus approvisionné. Les salariés attendent leur lettre de licenciement.

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