Les vacances de Pâques ont débuté ce samedi 4 avril pour la zone C et vont s'étaler jusqu'au 4 mai pour les autres zones. Mais, confinement oblige, ce ne sont pas des congés comme les autres, évidemment. Les professionnels du tourisme corréziens font grises mines.
Comme partout en France, les opérateurs touristiques de Corrèze ont arrêté leurs activités. Au domaine des Monédières, à Meyrignac-l'Eglise, le directeur Jean-Paul Trichet fait grise mine. Ce week-end, premier des vacances de printemps pour la zone C, il devait accueillir, durant trois jours, le grand rassemblement annuel des familles rurales de France soit 180 personnes en pension complète. L'événement est, bien sûr, annulé. Seule consolation, les organisateurs ont accepté de le reporter en octobre.
Depuis le début du confinement, tous les événements et réservations ont été annulés, avec, en premier lieu, les rassemblements de véhicules anciens, une niche importante pour le domaine. Pour la plupart retraités, les propriétaires de voitures anciennes n'ont pas voulu prendre de risque... Il en sera de même pour Pâques, une période pendant laquelle le domaine est généralement plein à 70 % (150 à 200 personnes).
Une catastrophe pour la trésorerie de ce centre touristique d'une capacité de 280 personnes, qui travaille très peu l'hiver. En attendant des jours meilleurs, Jean-Paul Trichet a dû renoncer à l'embauche de 5 saisonniers en CDD. Seule une permanence administrative est maintenue sur le domaine : 2 personnes au lieu des 15 à 18 salariés habituels. Une très mauvaise nouvelle pour l'emploi, mais aussi pour tous les prestataires extérieurs avec lesquels le domaine travaille. De même, certains investissements ont été gelés. Généralement plutôt optimiste, le directeur s'interroge sur la suite des événements. Jusqu'à maintenant il pensait que tout serait terminé fin avril, mais même les réservations pour mai et juin sont en train d'être annulées. Seuls les mariages sont maintenus pour l'instant.
Les hôtels les plus impactés
Marie Saule, la directrice de l'Agence Départemental du Tourisme de la Corrèze, est en contact permanent avec les professionnels de l'hébergement. Si pour l'instant les gîtes ne sont pas encore trop impactés, car la saison n'a pas vraiment commencé, la situation est dramatique pour les hôtels. En effet, ces derniers travaillent toute l'année avec une clientèle de professionnels. Le confinement à réduit à zéro leur chiffre d'affaire.Pour ce qui est des administrations touristiques, tous les classements, accréditations et autres renouvellements de labels ou étoiles ne pourront être réalisés. Ils devraient donc être maintenus dans l'état pour l'année 2020.
Quant aux offices de tourisme, tous ont portes closes
Celui de la Vallée de la Dordogne, l'un des plus grands de France, a fermé ses 16 bureaux d'accueils. Une permanence téléphonique avec une salariée en télétravail est toutefois assurée. Celle-ci reçoit en moyenne 5 à 6 appels par jour, au lieu d'une centaine habituellement à cette époque. Une petite lueur d'espoir cependant : sur internet, l'office reçoit un certain nombre de demandes, et même des réservations pour l'été et septembre.Le service groupes de l'office est le plus pénalisé par la situation. Tous les bus visitant par exemple Collonges-la-Rouge, où d'autres hauts lieux touristiques, sont annulés en mai-juin. Les boutiques de souvenirs aussi sont pénalisées. Un vrai souci, car ces deux activités constituent l'une des principales source de revenus pour l'office.
Préparer "l'après coronavirus"
Pas question pour autant de rester les bras croisés : les 30 salariés de l'office travaillent depuis chez eux à préparer l'après confinement. Chaque semaine, ils font un point sur la situation, et préparent des stratégies de reconquêtes.Généralement en temps de crise, ce sont plutôt les clientèles françaises qui viennent, et notamment d'un secteur géographique proche (moins de 3 h : Toulouse, Bordeaux, Clermont...). Avec les offices de Brive, et Sarlat, l'office de la Vallée de la Dordogne a préparé un "publi reportage" visant ces clientèles urbaines de proximité. Celui-ci sortira fin mai-début juin, dans des magazines touristiques. L'office en profite aussi pour enrichir les contenus de son site web pour être mieux référencé, et cibler certaines clientèles.
Pas de visibilité...
Une chose est sûre, il est actuellement impossible de se projeter au-delà du 15 avril 2020. Pour les professionnels du tourisme, la visibilité ne dépasse pas quelques jours. Tous espèrent qu'après la sortie de crise, les touristes reviendront en Corrèze, mais les ponts de mai, très favorables cette année, sont d'ores et déjà perdus...L'espoir demeure néanmoins, car avec sa faible densité de population et une offre touristique de qualité, le département a une belle carte à jouer pour accueillir des touristes qui, sans nul doute, seront prudents quant aux risques de contamination résiduelle.
En attendant, il va falloir tenir économiquement
Outre la mise en place par l'Etat de l'aide à l'activité partielle, les prestataires touristiques espèrent aussi un geste de leurs assureurs. Une solidarité qui serait la bienvenue.Petit rayon de soleil dans le marasme actuel, le 26 mars dernier le gouvernement à publié une ordonnance visant à aider les professionnels du tourisme à faire face aux annulations de contrats de séjours liées à l'épidémie de coronavirus.Celle-ci autorise ces prestataires à conserver les avances de réservation de leurs clients durant 18 mois.
Ces derniers pourront soit réserver un séjour à une autre date, soit être remboursés à l'issue de cette période. Objectif de l'ordonnance : préserver la trésorerie des opérateurs touristiques et éviter les faillites.
Par ailleurs, ceux-ci pourront aussi bénéficier de l'aide "perte de chiffre d'affaire" de 1500 €, de reports de charges, et d'autres aides afin d'amortir cet épisode dramatique pour l'économie touristique...