Une quarantaine d'élèves du lycée professionnel Lavoisier de Brive a pu échanger ce lundi 22 mai avec la Procureure de la République, Emilie Abrantes. Une séance de sensibilisation aux dangers qui guettent la jeunesse : le harcèlement, les violences, les stupéfiants.
C'est un engagement qu'Emilie Abrantes avait pris à son arrivée au poste de Procureure de Brive en 2021 : intervenir dans des lycées pour faire de la sensibilisation auprès des jeunes.
Promesse tenue. Après le lycée Simone Veil au début du mois, elle était aujourd'hui auprès de deux classes du lycée professionnel Lavoisier, des élèves de seconde en Bac Pro Mécanique ou en CAP ébénisterie.
Le rôle du procureur, c'est bien évidemment de défendre l'intérêt général au sein de son tribunal dans les audiences, mais nous avons aussi une mission de prévention.
Emilie AbrantesProcureur de la République de Brive
Un échange sans filtres avec les lycéens
Avec ces jeunes qui ont entre 15 et 18 ans, l'échange est franc et direct.
"Quand est-ce qu'une personne peut être obligée à avoir un rapport sexuel ? Comment s'y prend l'auteur ?" interroge la représentante du ministère de la Justice. Réponse d'une lycéenne : "Avec des menaces du style : fais-ça, sinon..."
Devant la classe, Emilie Abrantes détaille ce que veux dire « donner son consentement », et les limites. L’occasion de lever le doûte sur des idées reçues. "C'est un cas qu'on a dans nos procédures, ce n'est pas si rare : une personne est endormie et se réveille avec son conjoint qui est en train de lui imposer un rapport sexuel. Est-ce que la personne peut consentir à ça ?", demande-t-elle ?
La réponse semble évidente. Pourtant, Alexis, élève en seconde, écoute et retient : "Sur le consentement, quand une personne dit oui et qu'après elle n'est plus consciente, il n'y a plus d'accord. Je m'en doutais, mais je n'étais pas sûr à 100%".
Des réponses parfois surprenantes
Consentement, harcèlement, manipulation, violences, stupéfiants... Autant de sujets abordés qui touchent de plus ou moins près ces lycéens. Au fur et mesure de l'échange, la parole se libère, et les réponses deviennent plus spontanées.
La Procureure avoue être parfois déstabilisée par certaines réactions : "Ils disent par exemple que regarder dans le téléphone portable du petit copain ou de la petite copine, c'est quelque chose de normal. D'autres au contraire estiment que ce n'est pas si normal que ça, qu'ils ont droit à leur intimité. C'est bien de voir qu'ils ne sont pas tous du même avis".
Pour préparer l'intervention, les élèves ont consacré quelques heures d'éducation civique et morale à la justice : son organisation, ses symboles.
A la fin de la séance, la procureure les a invités à pousser désormais la porte du tribunal, pour assister à une audience.