Après la crise du cours des prix des broutards et jeunes bovins en 2020, l'État a annoncé le 4 août une enveloppe de 60 millions d'euros afin d'épauler les éleveurs. Mais en Corrèze, plus de la moitié pourraient ne pas toucher cette aide. La faute à des conditions d’éligibilité trop strictes.
Les éleveurs corréziens sont inquiets. Après une année marquée par la crise sanitaire, mais surtout la chute du cours des broutards et jeunes bovins, certains affichent des pertes de plusieurs milliers d'euros.
En réponse à cette situation, le gouvernement a décidé d'allouer une enveloppe de 60 millions d'euros à la filière française. Loin d'être suffisant selon François Trignol, directeur des services à la Chambre d'agriculture de Corrèze " Un élevage avec une soixantaine de mères a perdu, sur une année, entre 4000 et 5000 euros. Pour des exploitations de ce type l'aide de l'État se situe entre 1000 et 1200 euros. Je vous invite à faire le calcul ".
L'État sera lui-aussi au rendez-vous.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) March 6, 2021
Pour tous les éleveurs qui ont gagné moins de 11 000 € en 2020 et qui ont subi des pertes importantes, nous allons mettre en place un dispositif exceptionnel de soutien qui permettra de couvrir jusqu'à 80% des pertes d'exploitation. https://t.co/rB0f1ZGpC2 pic.twitter.com/OzVLZkp6sA
Difficile d'être éligible
Plus problématique encore, la Chambre d'agriculture de Corrèze estime, que la moins de la moitié des éleveurs corrèziens pourraient prétendre à cette aide " L'aide est attribuée uniquement aux exploitations avec un revenu disponible annuel de moins de 11 000 euros. Le problème c'est que dans ce revenu disponible on a environ 4000 euros d'autofinancement, autrement dit il faut se payer seulement 7000 euros par an pour être éligible. Bien sûr qu'il faut aider ces gens là. Mais il faut aussi aider ceux avec un revenu disponible de 15 000, 16 000 euros et qui mettent à peine 1000 euros par mois dans leurs poches..."
Certains cabinets de comptable pensent que moins de la moitié des éleveurs corréziens pourront toucher cette aide.
Baptiste Pélissier fait partie des chanceux, son GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) touchera 1700 euros de la part de l'État. Mais il avertit, ce n'est qu'une compensation " C'est un effet d'annonce. 60 millions, on a l'impression que ça fait beaucoup mais ramené à une ferme ce n'est pas grand chose. Ici ça représente 50 euros par mois et par associés."
Un coup de pouce donc, mais qui ne remplace pas des prix rémunérateurs pour ses bêtes " Ce n'est pas des aides qu'il nous faut, c'est des prix qui correspondent à la qualité de nos animaux ! "
Mais avant de pouvoir régler les soucis structurels de la filière, les éleveurs corréziens devront se satisfaire de l'enveloppe du gouvernement. Ils ont jusqu'au 15 septembre pour déposer leur dossier. En espérant recevoir les paiements d'ici la fin de l'année.