La Corrèze, ancien fief de l'ex-chef d'Etat Jacques Chirac et aujourd'hui "le département du président" François Hollande, qui lui a servi de tremplin pour son élection à l'Elysée, risque fort de rebasculer à droite sur fond d'impopularité de la politique gouvernementale et de division de la gauche.
Le 22 mars pour le 1er tour et le 29 pour le second, le résultat de l'élection départementale en Corrèze, ravie à la droite en 2008 avec un seul siège de majorité et conservée de justesse en 2011 avec deux sièges de majorité, aura valeur de symbole dans un département qui a donné à la France deux présidents de la République en 20 ans et où l'épouse de Jacques Chirac, Bernadette, est candidate remplaçante à Brive: "François Hollande a un oeil sur chaque département français et deux sur la Corrèze", souffle son successeur socialiste à la mairie de Tulle et conseiller à l'Elysée en charge des projets locaux, Bernard Combes.
Un scrutin qui ne mobilise guère : "A l'approche d'un scrutin, j'ai toujours quelques clients qui parlent politique. Mais là, pas un", confie Jacques Frêche, propriétaire de plusieurs magasins de prêt-à-porter à Tulle.
Sur le terrain, les candidats craignent une faible mobilisation, y compris Bernard Combes, premier vice-président sortant : "Dans les campagnes, les électeurs portent un regard critique sur le redécoupage des cantons. Et puis la compétence du département n'est pas totalement comprise par rapport à la réforme territoriale" en gestation.
La gauche divisée
Du temps où il était président du Conseil général de la Corrèze, François Hollande avait réussi à faire perdurer une union de la gauche vieille de plus de 30 ans.Elle n'a pas résisté à son départ aux plus hautes fonctions de l'Etat. La majorité sortante (16 socialistes ou apparentés et quatre élus Terre de gauche sur 37 conseillers généraux), présidée par Gérard Bonnet, candidat dans l'Yssandonnais, aborde ces élections cette fois fortement divisée.
Ainsi, le rassemblement "Pour une alternative à gauche", animé par le Parti communiste (PCF), présentera des candidats dans chaque canton: "Il devient urgent de dire stop, d'entrer en résistance. En premier lieu contre la réforme territoriale, contre la poursuite de la casse des services publics, contre l'abandon de nos territoires ruraux. Nous avons besoin, au contraire, d'investissements, de services publics nouveaux", souligne Pascal Bagnarol, secrétaire départemental du PCF.
"Les électeurs de gauche vont s'éparpiller au premier tour, mais il y aura une redistribution des cartes au second. Ils sauront faire la part des choses", conjure
Bernard Combes qui voit dans cette élection "une situation inédite avec la présence de binômes du Front national dans neuf des 19 cantons".
Le FN, écharde pour l'UMP
Le FN, c'est l'écharde dans le pied du groupe d'opposition de droite "Corrèze demain" : "Cela va être très difficile de gagner au premier tour des cantons où il y a le FN. Il faut donc que l'on en gagne un maximum sur ceux où nous sommes la seule proposition à droite. On a un fusil à un coup. C'est la première fois en Corrèze que l'UMP, l'UDI et les divers droite sont unis", avance Pascal Coste (UMP), figure de proue de "Corrèze demain".Maire de Beynat et conseiller général sortant, Pascal Coste dit avoir "parcouru 3.274 km pour les besoins de la campagne. J'ai visité 4.200 maisons sur les 5.500 que compte le nouveau canton du Midi-Corrézien. J'ai le sentiment qu'en milieu rural, les gens vont voter, même si je pense que ce sont les cantons urbains qui vont faire la différence. Brive-la-Gaillarde peut faire l'élection", une ville perdue par le PS aux élections municipales en mars 2014.