En 2023, il n'y aura plus qu'un seul médecin généraliste pour les 5 000 patients de Lagraulière, de Naves et de Sain- Clément en Corrèze. Face à ce constat, élus et citoyens se retroussent les manches pour rechercher de nouveaux médecins.
"Docteurs, on vous attend, on a besoin de vous !" crient en cœur les enfants corréziens dans ce que l'on pourrait appeler une campagne de communication vidéo lancée par le Collectif Santé LNSC.
Un appel à l'aide qui résume bien la situation dans ce territoire en mal de médecins. Effectivement, dans un an seulement, en 2023, un seul médecin seulement assurera le suivi des 5000 patients présents sur les trois communes corréziennes de Lagraulière, Naves et Saint-Clément. Un collectif d'habitants s’est alors créé pour rechercher de nouveaux médecins.
Trouver des solutions
"Aujourd'hui, les pouvoirs publics ne nous proposent pas grand chose et la situation devient critique, voire dangereuse. Tout le monde ici a tout à fait conscience que c’est une nécessité absolue d’améliorer cette offre médicale" appuie Anne-Marie Brunerie, membre du collectif Santé LNSC.
Justement, pour élargir l'offre médicale, le collectif mise sur la communication : distribution de tracts dans les facultés de médecine, grandes banderoles aux abords des axes routiers, et même un mini-clip truffé de belles images de la région diffusé sur les réseaux sociaux. L'idée est d'agir à l'échelle citoyenne mais de toucher le plus de monde possible pour tenter d'attirer de nouveaux médecins en terre corrézienne.
Le collectif santé LNSC recherche des médecins à Lagraulière, Naves et St-Clément from LA19.AGENCY - CERC CONGRES on Vimeo.
Le collectif met aussi en avant l'atout des trois communes pour attirer des candidats :
Cette combinaison des trois communes peut attirer les gens pour l'offre, la vie de famille, l'endroit où ils vont habiter, le travail du conjoint. Donc, je pense que l'adjonction des trois communes, c'est assez novateur dans notre volonté
Eric BellouinMaire de Saint-Clément (19)
70 heures de travail par semaine
Le docteur Jean-Michel Chaumeil est le dernier médecin généraliste de Naves, il soutient évidement la démarche du collectif à un an de son départ à la retraite. Avec 70 heures de travail hebdomadaires, le médecin connait bien la problématique de la désertification médicale :
Je suis tout seul depuis plus d'une dizaine d'années parce que mon associé était parti à la retraite. À l'époque déjà, il n'avait pas trouvé de remplaçant. Il manque des médecins partout dans les communes environnantes et cette situation générale devient très inquiétante. D'ailleurs, beaucoup de patients n'ont pas de médecin malheureusement.
Docteur Jean-Michel ChaumeilMédecin généraliste de Naves (19)
Assumer "la patientèle de 2 ou 3 médecins"
Les nouveaux candidats ne se bousculent pas au portail. Et pour cause, l’ampleur de la tâche reste un frein pour les débutants. Anne Catalifaud est une jeune médecin, elle envisage de s’installer en milieu rural d'ici deux à trois ans mais, en se projetant, elle appréhende déjà la charge de travail :
Le problème, c'est plutôt de se retrouver dans un endroit où on va avoir peur d'avoir la patientèle de deux, voire trois médecins et d'être submergé de travail et de gens qui nous attendent .
Anne CatalifaudInterne en médecine générale
Conscient de cette difficulté, le collectif santé mise sur l'installation de plusieurs médecins : "si on a une petite équipe de 4 ou 5 jeunes qui veulent s’installer ensemble et qui ont envie de s'entraider , de pouvoir se remplacer mutuellement, ça serait idéal. S'ils souhaitent être géographiquement très près des autres, on peut leur offrir cette opportunité et s'ils souhaitent au contraire être répartis sur le territoire, qui n'est pas très grand, ça donnerait une cohésion à l’ensemble" précise Jean-Marc Douls, membre du collectif LSNC.
Le collectif prépare d'ici la fin d'année une journée d'accueil pour séduire des candidats.