La mission d’information parlementaire sur l’adaptation des forêts au changement climatique faisait étape ce lundi 27 mars à Meymac, en Corrèze. Les différents acteurs du Parc naturel régional de Millevaches ont été auditionnés. Entre défenseurs de la préservation et partisans de l’exploitation, le sujet des coupes rases s’est invité dans les débats.
C’était la dernière journée de terrain pour la mission parlementaire sur l’adaptation des forêts au changement climatique. A la tête de la délégation, la députée de la Creuse Catherine Couturier est venue à Meymac pour écouter et livrer un premier diagnostic : "Tout le monde s’interroge sur l’enjeu des coupes rases de feuillus et sur la monoculture (…). On a des conflits sur ce territoire entre ceux qui veulent préserver la forêt et ceux qui veulent l’exploiter de façon peut être un peu trop industrielle."
Cet enjeu est particulièrement fort en Limousin où 95% de la surface forestière appartient à des propriétaires privés. Tout le monde perçoit le danger du réchauffement climatique pour la forêt, qui a besoin d’un temps long pour s’adapter alors que la situation évolue très vite. Pourtant, sur la méthode, plusieurs visions s’affrontent.
Omerta
Les associations de défense de la forêt auditionnées réclament plus de transparence dans les coupes.
Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de "Canopée - Forêts vivantes", nous explique : "Aujourd’hui, les gens ne savent pas ce qui se passe en forêt parce qu’on leur dit que c’est une forêt privée. Quand vous faites une construction chez vous, il y a un permis de construire…"
Selon lui, l'enjeu est important et concerne l'ensemble de la population : "Dans cette forêt, c’est là où va se purifier et se filtrer l’eau. Il est logique de savoir les coupes qui vont être faites. Aujourd’hui, c’est l’omerta."
Sentimentalité
D’autres souhaitent pouvoir exploiter la forêt librement, tout en demandant des aides publiques pour inciter les propriétaires à s’adapter.
Jean-Patrick Puygrenier, qui représente Fransylva en Limousin, défend ces intérêts : "Nos deux priorités c’est d’une part des travaux de recherche sur la résilience des essences et sur la diversité des essences, de manière à disposer d’un diagnostic le plus précis possible pour faire des choix. Au-delà, mobiliser les moyens nécessaires en termes d’aide aux propriétaires forestiers qui sont les décideurs."
Pour lui, la vision de la forêt doit aussi être économique : "Voir uniquement la dimension environnementale, cela conduit vers de la sentimentalité et pas nécessairement à un réalisme en la matière, et ces clivages sont des erreurs stratégiques."
Le rapport de la mission parlementaire sur l’adaptation des forêts est attendu le 11 avril prochain. Ses conclusions pourraient aboutir à une proposition de loi transpartisane.
Avec Arnaud Richard