A quelques heures du traditionnel débat de l’entre-deux tour de la présidentielle, retour sur les petites phrases, tirades et autres petites piques des deux candidats corréziens, Jacques Chirac et François Hollande depuis 1988.
A 21 heures ce mercredi 20 avril, les deux candidats à la présidentielle 2022, sortis en tête du premier tour, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront face à face pour le traditionnel débat de l’entre-deux tours.
Ce sera le 8ᵉ débat de la Vᵉ République. Ce rendez-vous, désormais incontournable réunit jusqu’à 30 millions de téléspectateurs (mais seulement 16,5 millions en 2017). Il s'inspire des Etats-Unis : le premier duel télévisé oppose Nixon à Kennedy en 1960. Quatorze ans plus tard, en 1974, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand étrennent ce dispositif en France. Depuis, il s’est toujours tenu rigoureusement, sauf en 2002.
Les deux Corréziens, Jacques Chirac et François Hollande sont évidemment passés par la case « débat de l’entre-deux tours ». C'est l’occasion de revenir sur quelques échanges savoureux ou qui ont marqué la Vᵉ République.
1988 : Chirac « taclé » par Mitterrand
En 1988, le président sortant, François Mitterrand se retrouve face à Jacques Chirac, alors Premier ministre. La cohabitation entre les deux hommes depuis 2 ans est glaciale et le débat l’est tout autant. Pour tenter d’équilibrer le rapport de force dans ce duel, Jacques Chirac demande à François Mitterrand de ne plus le considérer comme son Premier ministre, mais comme un simple candidat. La réponse du président sortant est cinglante : « Vous avez tout à fait raison Monsieur le Premier ministre ». Chirac esquisse un sourire pincé pendant que Mitterrand jubile. Il est réélu avec 54,02%.
1995 : l’entre-deux tours le plus calme
Le 2 mai 1995, Jacques Chirac, alors chef de l’opposition, se retrouve face à Lionel Jospin. Le candidat socialiste est arrivé en tête au premier tour, mais Chirac appelle les électeurs à un « vrai changement » après deux septennats sous la gauche. Au cours du débat Lionel Jospin lance la proposition du quinquennat avec cette petite phrase : « Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac ».
Les deux candidats faisant preuve d’une courtoisie et d’un calme olympien, ce débat reste aujourd’hui le plus calme (pour ne pas dire soporifique) de la Vᵉ République. Il ne passionne pas les foules et réunit seulement 16,7 millions de téléspectateurs.
2002 : Chirac refuse le débat
C’est la seule fois depuis 1974, que le débat de l’entre-deux tours à la présidentielle n’a pas lieu. Jacques Chirac est président sortant et le Front National passe pour la première fois la barre du premier tour. En Corrèze (où le candidat Chirac ne vient pas faire campagne), Bernard Murat, sénateur-maire RPR de Brive-la-Gaillarde monte au créneau. Il considère que le résultat du Front National est avant tout "un vote protestataire contre la politique Jospin". Il appelle à voter Chirac au second tour et invite tous les élus corréziens à un grand rassemblement républicain.
Mais au terme de ce premier tour Jacques Chirac refuse de débattre avec Jean-Marie Le Pen. Solennellement, il déclare : « Je ne peux pas accepter la banalisation de l’intolérance et la haine ». Il sera réélu avec 82,21% des voix, un score record sous la Vᵉ République.
2012 : "Moi président"
Le 2 mai 2012, le débat de l’entre-deux tours oppose Nicolas Sarkozy, président sortant, et François Hollande. C’est le plus long de la Vᵉ République (presque 3 heures). Et le début est un peu poussif pour le candidat socialiste. Au point de donner des sueurs froides à son ami et maire de Tulle, Bernard Combe : « Pendant les vingt premières minutes, il n’avait pas trouvé son tempo et je me suis dit quand est-ce qu’il va mettre le turbo et démarrer ? »
C’est finalement une anaphore, devenue célèbre, qui sauve le candidat de gauche. Face à un Nicolas Sarkozy, plus combatif que jamais, François Hollande assène à 15 reprises durant 3 minutes la tirade suivante : « Moi, président ». Ce qu’il devient avec 51,64% des voix.