Ce ne sont pas des spécialistes de la forêt, mais ils ont décidé d'agir pour s'en occuper. En Corrèze, du coté d'Argentat, une association a lancé une campagne de financement participatif pour devenir propriétaire d'une petite forêt et assurer sa préservation.
Le projet trouve son origine dans la multiplication des coupes rases. Une association corrézienne s'est lancée dans l'achat d'une petite forêt, 8 hectares, entre Tulle et Argentat. Pour financer cette acquisition de 48 000 euros, un appel aux dons a été lancé sur Internet. Entre janvier et avril 2019, la mobilisation a payé : la somme est quasiment atteinte pour la plus grande fierté d'Alexandre Prisme, membre de l'association Faîte et Racines.
Nous sommes agréablement surpris. Nous n'avions aucune idée de ce que cet appel aux dons allait donner. Finalement, 4 mois après, on y est presque.
L'objectif sera de préserver la forêt. Un premier achat qui aura valeur de symbole, car au départ de l'association Faîte et Racines, il y a la multiplication des coupes rases : des parcelles sur lesquelles les propriétaires forestiers ont coupé tous les arbres.
Pourquoi des coupes rases ? Selon l'ONF, il peut s'agir de coupes de régénération, c'est-à-dire que les arbres sont arrivés à maturité pour être exploités. Généralement, le propriétaire soit alors s'engager à repeupler le terrain, soit par plantation (même essence ou pas), soit par régénération naturelle.
Il peut aussi s'agir de coupes sanitaires en raison de contamination par des parasites.
Ces coupes rases ne sont donc pas forcément illégale, car bien souvent soumises à autorisation, mais parfois, le terrain souffre de cette pratique, comme le constate Guy, un riverain d'une parcelle coupée à blanc.
C'est une ruine. Le sol a été détruit par les engins, ça ne peut pas repousser comme ça...
Pour les membres de l'association, ces coupes à blanc n'ont rien d'une fatalité, et la ressource en bois pourrait être exploitée autrement qu'en attendant 40 ans que des arbres repoussent, comme nous l'explique Sylvain Belot, membre de l'association Faîte et Racines :
Avoir une exploitation respectueuse et tirer un revenu de son foncier forestier, c'est possible. Les pratiques actuelles sont des habitudes et pourtant, il en existe d'autres très intéressantes.
Pierre Demougeot, forestier qui gère 400 hectares de forêts, comprend la démarche de l'association. Il est gérant du groupement forestier Avenir Forêt.
Il prélève régulièrement du bois dans ses forêts, mais sans jamais raser à blanc.
Quand on est forestier, cela veut dire qu'on s'occupe d'une forêt. Est-ce que c'est encore une foret lorsqu'il n'y a plus d'arbre ? Est-ce qu'on est encore forestier ? La réponse est non.
L'association Faîte et Racines espère pouvoir lancer d'autres souscriptions pour acquérir de nouvelles parcelles, et assurer, à leur manière, la gestion de ces forêts.