Le numérique au service de la santé, au Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande en Corrèze

À côté des soins plus classiques ou traditionnels, le numérique a fait son entrée depuis quelques années au Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande, en Corrèze. Plusieurs dispositifs, aussi incroyables que stimulants, permettent là-bas aux patients de non seulement progresser, mais aussi d’envisager une réinsertion, même partielle.

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Historiquement, le Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande (19) est spécialisé en psychiatrie.
D’aucuns l’ont même longtemps considéré comme le plus vieille asile d’aliénés de France, ainsi que l’on disait alors, aux origines moyennes-âgeuses.  

Cela dit, tout en gardant sa spécificité, le centre est pleinement entré dans le XXIe siècle.
Et à côté, ou plutôt avec les soins traditionnels, le numérique y est spectaculairement présent !  

Ainsi, trois exemples au sein de l’Atrium, une unité de soins pour patients déficitaires graves, au sein du pôle des prises en charge spécifiques, pouvant accueillir pour une durée de trois mois jusqu’à 29 patients, dont 9 autistes.  

  • Le premier, de loin, ressemble à un plateau de jeu, une simple table en bois.

De près aussi d’ailleurs ! Mais il s’agit en fait d’un outil thérapeutique, connecté.
Le plateau se transforme en grande tablette tactile, où le patient, via des formes de jeux (une chasse aux œufs de Pâques le jour où le reportage qui suit cet article a été tourné), va s’exercer, se soigner et donc progresser.  

Pour Basile Boucher, infirmier au Centre, ce sont « les stimuli visuels de la table qui permettent à nos patients d’aller interagir avec ce que j’appelais l’apraxie (NDLR : incapacité d'exécuter des mouvements intentionnels précédemment appris malgré une volonté et une capacité motrice conservées, du fait d'une lésion cérébrale), avec leurs mains, et avec leurs capacités cognitives, qu’ils vont mettre en utilisation au travers de cette table qui devient animée ».  

Si le jeu est virtuel, il en vaut la chandelle, car pour Sophie Narvaez, psychologue au Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande, « C’est génial pour eux. C’est bien pour nous, parce qu’on les accompagne là-dedans, mais c’est bien pour eux parce qu’il y a quelque chose qui se passe. Il se produit quelque chose parce qu’ils font quelque chose. Et ça, c’est vachement intéressant ! ».  

  • Autre exemple, tranchant dans ce milieu fermé, presque austère, l’espace Snoezelen.

Il s’agit d’un concept inventé par deux Hollandais dans les années 1970, contraction de Snuffelen (renifler, sentir) et de Doezelen (somnoler), que l'on pourrait traduire autour de la notion d’exploration sensorielle, à l’aide et par la stimulation des cinq sens, dans un espace à la lumière tamisée et aux éléments mi- psychédéliques, mi- sortis de la science-fiction.  
Ce genre d’espace est de plus en plus utilisé en EHPAD, en crèches, en maisons d’accueil spécialisé, en institut médicoéducatif, et se développe donc aussi dans les secteurs hospitaliers gériatriques et psychiatriques, où il semble faire ses preuves.

  

  • Dernier exemple, dont le centre s’est doté en 2018 : le phoque Paro !  

Il s’agit d’une peluche interactive, bourrée de capteurs et de petits moteurs, réagissant (presque) comme un vrai animal, et servant à ce qu’on appelle la médiation animale.
Elle permet, pour des patients tels que ceux du Centre d’Eygurande, une meilleure gestion de l’anxiété, une diminution de l’agressivité, la création d’un centre d’intérêt et donc une attention portée à l’autre.  

« C’est pour cela que le lien avec l’espace Snoezelen est évident, et donc ça nous semblait intéressant de mettre cet outil interactif dans l’espace » Didier Bœuf, éducateur spécialisé au Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande  

N’allez donc pas croire que ces innovations ne sont que de simples gadgets, dans des parcours de soin.
Ils sont réellement des outils précieux pour l’équipe soignante, des stimulants et des outils de progression pour les patients ainsi que, autre vertu, des fenêtres ouvertes sur le monde d’aujourd’hui, permettant d’envisager une réinsertion même partielle.  

« Si notre but, c’est aussi de les mener vers l’extérieur, alors si ils sont coupés de ça, on les coupe aussi encore plus. Et je pense que ça sera encore moins dérangeant de voir un ordinateur quelque part, s’ils le connaissent, que s’ils n’en n’ont jamais vu, jamais touché, jamais joué avec ! ». Sophie Narvaez, psychologue au Centre Hospitalier du Pays d’Eygurande.

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