C'est la fin d'un long feuilleton judiciaire et administratif : après la décision du tribunal de Tulle en octobre dernier, la préfecture vient d'envoyer le document administratif nécessaire pour que sa famille d'adoption puisse conserver l'animal à domicile… sous réserve du respect de certaines mesures de sécurité.
Elle attendait ce dernier document depuis l'audience au tribunal le 11 octobre dernier. Les poursuites judiciaires avaient alors été abandonnées, mais sur le plan administratif, le préfet pouvait encore décider de faire euthanasier ou saisir l'animal.
Il a donc fallu remplir une nouvelle déclaration de détention et le récépissé validé est parvenu le 14 février dernier : Sylvia Bachellerie va pouvoir conserver chez elle Maurice, un sanglier qu'elle avait recueilli avec son mari William Vayne alors qu'il n'était âgé que de quelques semaines : il était alors un tout jeune marcassin blessé.
Et évidemment... elle se dit enfin "soulagée". "On s'y attache même si ce n'est pas un animal qu'on prend dans ses bras. Ce n'est pas comme un chat ou un chien. Je ne suis pas allée le chercher... Il était sur mon terrain, il était malade, on l'a soigné et aujourd'hui, on s'y est attaché".
Objectif désormais : "Agrandir son parc avec un enclos adapté". Car la propriétaire tient à rappeler que Maurice reste un animal sauvage qui nécessite une prise en charge particulière et que la décision de le garder n'a jamais été pour elle "une décision prise à la légère". Ce dernier vit, en effet, dans un enclos sécurisé.
Maurice justement qui va fêter ses 9 ans en septembre prochain et qui, selon sa propriétaire, se porte comme un charme.
4 ans de procédures
Après plusieurs milliers d'euros de frais d'avocat, et trois demandes d'autorisation refusées, voici enfin le précieux sésame administratif qui détermine les conditions nécessaires pour conserver l'animal.
Car il est possible de conserver un animal (et un seul par foyer) tel qu'un sanglier depuis l'arrêté ministériel du 8 octobre 2018, mais sous certaines conditions : Le demandeur "détenant en captivité des animaux d'espèces non domestiques doit satisfaire" à certaines exigences. Il doit prouver qu'il dispose d'un lieu d'hébergement adapté, qu'il a des compétences requises pour maintenir l'animal en bonne santé et qu'il a pris les mesures nécessaires à sa sécurité ainsi qu'à "celle des tiers." À noter également que tous les animaux non domestiques ne sont pas concernés par cette autorisation.
Grâce à l'aide de l'association Vida basée en Vendée, la préfecture, dans son arrêté, confirme que le dossier de régularisation envoyé par la famille pour cet "individu de l'espèce sanglier, sus scrofa" (sanglier d'Europe) est reçu "complet".
Le sanglier pourra donc finir sa vie paisiblement en Corrèze, et uniquement en Corrèze puisque l'autorisation de détention ne vaut que pour ce seul département.
De quoi réjouir les plus de 200 000 pétitionnaires qui s'étaient mobilisés à l'époque du procès pour sauver l'animal ainsi que l'association Brigitte Bardot qui avait apporté son soutien à la famille.