Grâce à l'impression 3D, le destin de Lucky a été profondément bouleversé. Un nouveau succès pour la clinique vétérinaire de Limoges à l'origine du projet et spécialisée dans les chirurgies orthopédiques lourdes. Article original publié le 25 janvier 2023.
Lucky est un miraculé à bien des égards. Abandonné par sa famille d’origine, retrouvé attaché à un arbre par la SPA, il est recueilli en septembre 2021 par la famille Tisseuil qui vit à Saint-Adjutory en Charente.
Mais au mois de mai 2022, un voisin roule malencontreusement en voiture sur sa patte arrière droite dans la cour du domicile familial.
On pensait que sa patte était fichue. On avait deux solutions : soit l’amputation totale, soit essayer de soigner la patte mais ça pouvait durer très longtemps et coûter très cher.
François Tisseuil, propriétaire de Lucky
Un vétérinaire charentais conseille à la famille de se rendre à la clinique Sirius, au nord de Limoges. Une clinique spécialisée dans les chirurgies lourdes, qui travaille avec 175 cabinets vétérinaires répartis sur 22 départements.
L'ange gardien de Lucky s'appelle Dr Frédéric Sanspoux. Il propose une troisième option : la pose d’une prothèse intra-osseuse. “On a hésité à cause du coût de l’opération (4000 euros), mais la personne responsable de l’accident a été très marquée et a réussi à faire fonctionner son assurance” déclare François Tisseuil.
Une chirurgie révolutionnaire
La clinique Sirius est le premier établissement vétérinaire de France à avoir effectué la pose de prothèses d’amputation en 2020. “On commence par un scanner complet de l’animal. On se base sur le membre qui est sain auquel on applique un effet miroir pour reconstituer le membre amputé.” Le docteur Sanspoux travaille en collaboration avec plusieurs entreprises : ADDI Dream basée en zone nord de Limoges pour la conception des maquettes, Ennoïa à Besançon pour la conception informatique des prothèses et 3D Med Lab à Marseille pour leur impression en trois dimensions.
L’opération a lieu le 27 septembre 2022 et dure environ une 1h30. La prothèse est fixée à l’intérieur de l’os par une tige en titane et stabilisée par une plaque.
Le but c’est que l’animal retrouve sa mobilité d’avant. Donc il faut que la prothèse soit très bien intégrée à l’os. Il y a un phénomène d’osthéointégration, c’est-à-dire que l’os va coloniser une partie de la prothèse de façon à ce qu’elle intègre le corps de l’animal.”
Dr Frédéric Sanspoux, vétérinaire
Lucky évite les deux risques majeurs après ce type d'intervention : l'inflammation et l'infection du membre. Quatre mois plus tard, il se porte comme un charme. "Il court sans problème, comme s'il avait quatre pattes, toujours aussi foufou" se réjouit son maître.
Désormais âgé d'un an et demi, il est devenu la mascotte de la clinique... mais Panettone, un chat recueilli par la clinique, risque de lui voler la vedette : il va, lui aussi, recevoir une prothèse de patte dans les semaines à venir.
L'impression 3D n'en est encore qu'à ses débuts dans le monde de la chirurgie. Dans les prochaines années, des rotules ou des coudes devraient pouvoir être remplacés sur les animaux grâce à ce procédé révolutionnaire.