La semaine dernière, une habitante de la Cayolle aux portes du parc national des calanques, a enregistré une fois la nuit tombée, depuis son jardin... des hurlements. Elle a posté ce document sonore sur les réseaux sociaux en demandant si cela pouvait être des loups, et les spécialistes lui ont répondu positivement.
Le loup a déjà été repéré aux portes des Calanques de Marseille. Dans ce même périmètre, en juin dernier, des chèvres avaient été décimées dans le parc d'un Ephad. Cette fois c'est une habitante de la Cayolle, tout près de Sormiou, qui a fait un enregistrement vidéo de nuit. Sur ce document posté sur un groupe facebook (puis retiré quelques jours plus tard) que France 3 Provence-Alpes a pu consulter, on ne voit rien, mais on entend distinctement des hurlements de chiens ou de loups. Suite à ce post, des spécialistes travaillant pour le parc des calanques ont pris contact avec elle, et les hurlements sont effectivement attribués au canidé.
La présence du loup attestée depuis des années
En janvier 2023, un loup avait été retrouvé mort sur le bord de la route, dans les Calanques, attestant de la présence des loups dans le parc national. "Ces enregistrements, s'ils ne sont pas certifiés à 100%, sont très probablement ceux de loups, des jeunes nés dans l'année", indique le référent loups des calanques. Depuis plusieurs années, la présence du loup est attestée dans les Calanques et notamment à proximité des habitations et des zones urbaines. Une meute est référencée et d'autres individus pourraient être présents.
" C'est attesté et vérifié qu'il y a une meute sur le territoire du parc national des calanques", confirme Didier Réault, président du parc des calanques, qui estime même que "d'autres meutes puissent aussi traverser les calanques".
Un spécialiste du loup, qui travaille pour le parc des calanques, précise "qu'il y a un couple alpha qui s'est installé dans le parc national et qui se reproduit chaque année".
Pour le directeur du parc, "c'est une bonne nouvelle pour la biodiversité, car cela atteste qu'une chaine alimentaire est en place et complète puisque le dernier maillon, le loup, est présent".
"Comme le couple Alpha est installé depuis près de trois ans sur le territoire du parc national, leurs petits devenus adultes doivent aller faire leur vie ailleurs, pour fonder à leur tour leur meute", indique le référent loup.
Ce que confirme le président du parc, Didier Réault, "des loups venus d'Italie, transitent par les calanques, et vont dans toute la France par des couloirs naturels qui leur sont bien spécifiques. Ils savent où passer pour rejoindre les Alpilles, Cassis-Carnoux, la Sainte-Baume, etc."
Des loups très mobiles qui se déplacent la nuit
Nulle crainte pour les habitants par ailleurs, "le loup est craintif et nocturne, il chasse ses proies de nuit et préfère éviter de rencontrer les chiens ou les humains, il ne va pas se rapprocher des habitations", explique le réfèrent loup des calanques, avant d'ajouter " le loup se déplace énormément, récemment, un loup d'Allemagne a été identifié dans les Pyrénées, donc les loups qui naissent dans les calanques sont amenés à partir pour créer leur propre meute. De plus en plus, on constate des mouvements vers les Pyrénées ou dernièrement dans le massif central".
"Ces hurlements sont sans doute des jeux entre jeunes loups", précise le spécialiste, même s'il avoue que c'est difficile de distinguer combien de loups sont présents sur cet enregistrement.
Les loups en général, et ceux des calanques n'échappent pas à cette règle, sont très mobiles. Pour le spécialiste, "il n'est pas certain que les habitants entendent de nouveau les hurlements, car les loups se déplacent au gré de la chasse de leurs proies, lapins, sangliers, chevreuil, mulots, rats, souris etc., de la Cayolle à Cassis".
Le suivi du loup dans le parc national des calanques se fait par "l'observation de loin, par photos et vidéos nocturnes installés par le parc, par l'analyse d'excréments retrouvés", explique Didier Réault.
Des présences qui se manifestent de temps en temps
En septembre 2023, à 300 mètres du centre-ville de la Penne-sur-Huveaune, commune limitrophe de Marseille, un photographe amateur de la commune, Frédéric Gervais, avait filmé deux canidés à l’aide d’une caméra thermique. Aucun doute possible, il s’agissait bien de deux loups. La théorie avait été confirmée quelques jours plus tard par deux agents de l’Office français de la biodiversité.
Sur la commune, début septembre 2023 également, des chèvres se sont fait attaquer. Douze bêtes étaient mortes, soit la moitié du troupeau.
En 2021, quatre meutes de loups avaient été officiellement recensées dans les Bouches-du-Rhône. Elles évoluaient autour de Cadarache, du Mont Aurélien et de la Sainte-Victoire.