Dans la nuit du 11 au 12 octobre, au moins un loup s'est attaqué à des brebis dans le pays d'Arles. Malgré son intervention immédiate, Cathy Balbis, éleveuse à Saint-Martin-de-Crau dans les Bouches-du-Rhône, a constaté des blessures sur 17 de ses animaux, quatre ont dû être euthanasiés. Une première pour cette bergère de plaine.
En 45 ans d'installation, ni elle ni sa famille n'avait jamais eu à subir ça. À la tête de son troupeau de deux cents brebis présent au Mas des Chênes, Cathy voyait depuis quelques années le risque s'approcher de son exploitation de Saint-Martin-de-Crau. Elle s'est retrouvée nez à nez avec lui
De Tarascon à Arles, d'autres éleveurs des plaines de l'ouest provençal ont eu à subir les attaques du loup. Mais de le voir, en face, et constater les dégâts, c'est un traumatisme qu'elle n'est pas près d'oublier.
Les yeux du loup dans les phares
Vendredi 11 octobre, une heure du matin. Cathy est prévenue par son berger, le troupeau vient de quitter son parc de nuit, et a traversé la route pour regagner la bergerie. À deux heures, elle profite de sa tournée nocturne habituelle, en période d'agnelage, pour effectuer une vérification. Et là, stupeur. Parmi les brebis qu'elle aperçoit, l'une a la gorge ensanglantée. En route pour le parc, elle découvre un autre de ses animaux, au sol. Et au loin, une paire d'yeux perçants dans les phares de sa voiture.
"Je n'en ai vu qu'un. Mais il n'y a pas de doute, c'était un loup."
Cathy, éleveuse de brebis à Saint-Martin-de-Crauà France 3 Provence-Alpes
Le lendemain, Cathy est aux côtés des techniciens de la direction des territoires et de la mer (DDTM13) pour constater les dégâts. Sur un cheptel de deux cents présents sur le site, 17 brebis sont blessées, "la plupart à la gorge et au gigot". Et au pire moment : la plupart doivent agneler dans les jours qui suivent.
Sauver les brebis, pour sauver les agneaux
À force de soins quotidiens, l'éleveuse s'efforce d'en sauver le plus possible, afin de ne pas perdre en plus l'agneau qui doit arriver. Mais pour quatre brebis, il est déjà trop tard, l'euthanasie est la seule issue. En espérant que les autres résistent.
Malgré la colère, Cathy n'envisage pas de bouleverser son exploitation. L'éleveuse connaît l'intérêt des chiens qui éloignent les prédateurs, ils gardent ses brebis l'été lors de l'estive. Mais ils alourdissent aussi le travail quotidien.
"Les chiens protecteurs, c'est trop de contraintes."
Cathy, éleveuse de brebisà Provences-Alpes
Depuis l'attaque, le troupeau ne passe plus la nuit dehors. Peur que le loup revienne. Une façon aussi de prouver que face à l'éleveur, le prédateur ne gagnera pas, "qu'il doit encore y avoir un avenir pour la future génération".