Le loup est pointé comme responsable de cette attaque sanglante perpétrée à Reillane, dans les Alpes-de-Haute-Provence, dans la nuit du 13 au 14 février. L'éleveuse cherche encore 12 brebis portées disparues.
C'est au petit matin du 14 février que Mélanie Pelloux a fait la macabre découverte : "je m'apprêtais à rentrer mes brebis en bergerie, du moins celles qui sont sur le point de mettre bas, et j'ai trouvé le parc de nuit cassé. Un peu plus loin, trois brebis égorgées et là, j'ai compris".
Dans la même journée, cette éleveuse du GAEC "Aux secrets du chêne" à Reillanne a retrouvé douze brebis sans vie. Seize autres le lendemain. Six encore, le suivant. Une perte estimée pour l'instant à trente bêtes. Les constatations de la police de l'environnement, missionnée par l'OFB, font état d'une suspicion d'attaque de loups.
"C'est sa signature"
Pour Mélanie, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une attaque de loups. Une meute de six ou sept canidés a été aperçue à plusieurs reprises par des habitants dans le secteur. "Et puis, il y a la manière dont les brebis sont tuées, c'est sa signature, le loup sectionne la trachée et ne tue pas seulement pour consommer et se nourrir ", explique Mélanie Pelloux, dont le troupeau a déjà fait l'objet de plusieurs attaques. La plus importante remonte à 2012, avec 40 brebis décimées. Mais comme un sorte d'avertissement, "au jour de l'an 2023, 12 brebis ont été tuées et cette fois-ci le loup s'était approché à 30 mètres de la bergerie et de notre habitation".
Je suis écœurée, je n'en dors plus. Je n'ai plus envie de travailler. Je ne travaille que pour donner à manger aux loups!
Mélanie Pelloux, éleveuse à Reillane
Une situation épuisante nerveusement pour cette éleveuse. Mélanie Pelloux raconte, avec émotion, comment elle doit rechercher les cadavres de ses brebis dans la forêt et les "traîner" pour les emmener à l'équarrissage au village, une fois les constations d'usage effectuées.
Le troupeau en stress post-traumatique
Cette attaque massive n'est pas sans conséquences pour le troupeau. Les bêtes apeurées et désorientées sont devenues difficiles à gérer et ont tendance à s'éparpiller, rendant difficile le travail des chiens. Mais c'est sans compter les avortements.
Sous le choc, Mélanie affirme que deux brebis ont déjà perdu l'agneau qu'elles portaient et d'autres sont peut-être à venir. A 15 jours de la période cruciale de l'agnelage, la perte est considérable dans cet élevage de 280 têtes.
Pour Mélanie, qui travaille avec ses parents Patrick et Jocelyne, se pose la douloureuse question de l'indemnisation et de la perte financière.
Un manque si je ne les retrouve pas mortes ou vives, je ne toucherai pas un centime.
Mélanie Pelloux, éleveuse
Trente brebis portant un agneau représentent un manque à gagner de 10.500 euros. Comme dans tout système d'assurance, l'indemnisation est partielle et exerce une décote en fonction de l'âge des bêtes, et ne tient pas compte des agneaux à naître. Mais avant tout, il faut des preuves.
"J'ai encore 12 brebis portées disparues, si je ne les retrouve pas mortes ou vives, je ne toucherai pas un centime". La peur s'est installée aux Secrets du chêne. Ce qui fait trembler cette exploitante serait une nouvelle attaque dans les jours qui viennent. "Nous n'avons pas les moyens de protéger nos brebis. Je ne peux pas les rentrer en bergerie car nous manquons de fourrage. La seule solution est d'augmenter les prélèvements de loups et vite".