Première victoire pour l'association One Voice qui dénonce des arrêtés autorisant les tirs de loup

L'association de protection animale One Voice a attaqué au tribunal administratif, les préfectures du Var et des Alpes-Maritimes, qui avaient autorisé des tirs de loup. Des arrêtés que l'association considérait peu fondés. Si les deux arrêtés sont encore en vigueur, celui des Alpes-Maritimes a été partiellement suspendu. Une première victoire pour One Voice qui entend protéger les loups.

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"C’est la première fois qu’un arrêté préfectoral attaqué par One Voice est suspendu d’urgence !" La coordinatrice de l’association de protection animale se réjouit de cette "victoire encourageante". Le tribunal administratif de Nice a donné en partie raison à One Voice, l'association de protection de la vie animale, ce 16 décembre 2022. Elle avait porté recours en suspension et en annulation contre deux arrêtés préfectoraux du Var et des Alpes-Maritimes, autorisant des éleveurs à des tirs de défense contre les loups. Si l’arrêté du Var n’a pas été suspendu, celui des Alpes-Maritimes l’est en partie. 

Un arrêté suspendu en partie dans les Alpes-Maritimes

"Ces arrêtés sont des copiés-collés, à quelques jours d’intervalle", soulève Corinne Bouvot, coordinatrice de One Voice. Le 2 novembre 2022, le préfet des Alpes-Maritimes avait accordé l’autorisation à un éleveur du département d’effectuer des tirs de défense renforcés pour protéger son troupeau. Les tirs de défense renforcés sur les loups autorisent jusqu’à 10 tireurs à abattre une bête quand les tirs de défense simple n’en autorisent qu’un, comme le précise un arrêté ministériel du 23 octobre 2020.

Cet arrêté de tirs de défense renforcés avait été accordé sur les communes de Sospel et de Lucéram. "L’éleveur n’avait pas fait la demande pour Lucéram mais le préfet lui avait accordé quand même", déclare Corinne Bouvot.

Le tribunal administratif a annulé l’autorisation sur ce territoire considérant "l’absence de prédation récente attribuée au loup sur le troupeau de cet éleveur à Lucéram, […] et la présence, en période hivernale, du troupeau de l’éleveur sur la commune de Sospel".

Les chiens et les filets n’empêchent pas le loup de venir.

Jules Rebuffel, éleveur de brebis dans le Var

Le juge administratif a tout de même maintenu cet arrêté à Sospel, "au regard notamment des nombreuses attaques attribuées au loup". Dans le Var, une autorisation de tirs de défense simple avait été accordée et a également été maintenue par le tribunal administratif de Toulon. Les procédures continuent concernant l’annulation de ces arrêtés préfectoraux. 

"Normalement, l’autorisation de tirs de loups impose des mesures qui doivent être prouvées, explique Corinne Bouvot de One Voice. Là, à quelques jours d’intervalle, ces arrêtés manquent de substance. Ce qui nous laisserait penser qu’ils sont accordés sans contrôle." Pour que des tirs de défense renforcés soient attribués, il faut au préalable que l’éleveur ait subi 3 attaques sur son troupeau dans les 12 derniers mois, qu’il mette en place des mesures de protection et qu’il possède déjà une autorisation de tirs de défense simple.

Des mesures de protection insuffisantes selon les éleveurs

Jules Rebuffel est éleveur dans le Var. Il a demandé l’autorisation de tirer contre les loups pour défendre son troupeau à La Roque-Esclapon. "Au mois d’octobre, j’ai subi 3 attaques de loups en 15 jours", témoigne-t-il. Il assure avoir perdu une trentaine d’agneaux et cinq brebis à cause des loups.

"Il y a tout un tas de mesures de protection que l’État finance, répond Corinne Bouvot. On ne nie pas qu’il y a des attaques et que cela peut être compliqué pour les éleveurs. Mais par exemple, l’éleveur concerné dans les Alpes-Maritimes a un très grand troupeau et n’a même pas de bergerie." De son côté, Jules Rebuffel estime que les mesures de protection sont limitées. "J’ai mis des chiens et des filets mais ça n’empêche pas le loup de venir", raconte-t-il. S’estimant démuni, il ne voit pas d’autres solutions que de tirer "au moins pour faire peur au loup".  

"Si on tue des loups, ils vont revenir"

Pourtant, si les éleveurs et les chasseurs, excédés par les attaques, demandent à pouvoir tirer sur les loups, la population de ces animaux augmente quand les attaques sont en baisse dans le même temps. De plus, les chercheurs sur la question expliquent que vouloir tuer le loup est contre-productif.

"Si on tue des loups, ils vont revenir, prévenait Farid Benhammou auprès de France 3. Cela fait 25 ans que je travaille sur ces questions et j’ai vu des agriculteurs me dire qu’ils ont perdu 10 ans à lutter alors que maintenant, ils ont compris qu’il fallait s’inscrire dans la prévention."

Le géographe et chercheur associé au Laboratoire Ruralités de l’Université de Poitiers s’explique : "Quand on tue des loups, il y a un phénomène d’éclatement de la meute qui provoque une augmentation des attaques." Pour Corinne Bouvot, si les plus anciens loups d’une meute sont tués et ne peuvent pas apprendre à chasser aux plus jeunes, ces derniers iraient également au plus facile pour s’alimenter : les troupeaux domestiques. 

Ces arguments sont difficilement entendables par certains éleveurs ayant perdu de nombreuses bêtes. "Les gros éleveurs qui ont 2.000 brebis, ils ont beau avoir 30 ou 40 chiens, ils sont tout de même attaqués", déplore Jules Rebuffel.

Si le dialogue est difficile, One Voice assure que cette victoire dans les Alpes-Maritimes va pousser l’association à continuer de sensibiliser sur le sujet afin de défendre les loups. "Ce sont tout de même des animaux protégés au niveau européen qui avaient disparu il y a 30 ans", rappelle Corinne Bouvot.

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