Le groupe national loup doit se réunir le 18 septembre pour établir un plan de gestion de l'espèce pour les cinq prochaines années et protéger le bétail. La région Paca abriterait environ deux tiers des 1100 loups en France, population qui ne cesse de s'accroître et inquiète les éleveurs.
La Provence-Alpes-Côte d'Azur, un refuge pour le loup ? Selon les estimations de l'Office français de la biodiversité (OFB), son territoire abrite les plus fortes densités de canidés en France : les Alpes-de-Haute-Provence seraient ainsi, avec 28 meutes, le département accueillant le plus grand nombre estimé de groupes de loups, juste devant le Var, deuxième département français avec 24 meutes.
C'est en novembre 1992, dans le parc national du Mercantour que deux gardes moniteurs et un agent de l’Office national des forêts ont aperçu deux bêtes. Ce sera la première observation officielle en France depuis soixante ans puisque l'on avait, jusqu’alors, perdu leur trace depuis 1937. Des canidés seraient venus spontanément d'Italie.
Deux tiers vivent dans la région Paca ?
Sur environ 1 100 loups dans l'Hexagone, "à peu près deux tiers vivent dans la région Paca," jauge Éric Hansen, directeur de l'OFB Paca et Corse.
Nous avons [dans les Alpes du Sud] un potentiel alimentaire important pour le loup. La population de sangliers, proie principale mangée par le loup, est extrêmement abondante, et on n'a jamais vu, en France, autant de grands ongulés [cerfs, sangliers, NDLR] qu'aujourd'hui. On a aussi le phénomène d'élevage avec des troupeaux en liberté, ce qui perturbe l'équilibre naturel en mettant davantage d'animaux à disposition du prédateur.
Éric Hansendirecteur de l'OFB Paca-Corse
L'OFB estime les populations de loups en Paca de la manière suivante :
- Alpes-de-Haute-Provence : 28 meutes
- Var : 24 meutes
- Alpes-Maritimes : une quinzaine de meutes
- Hautes-Alpes : une quinzaine de meutes
- Bouches-du-Rhône : 6 meutes
- Vaucluse : 5 meutes
Un plan loup pour 5 ans
En 2022, 12 500 brebis ont été tuées par le loup en France et ce triste score reste stable depuis quelques années.
Mais avec l'augmentation des populations de loups au niveau national, la question de la prédation sur les élevages est au cœur des débats de cette rentrée.
Composé d'éleveurs, de syndicats, des services de l'État et d'un préfet coordonnateur, le groupe national loup se réunira le 18 septembre pour établir une politique nationale vis-à-vis du prédateur pour les prochaines années. Les éleveurs demandent que ce plan national d'actions loups 2024-2029 facilite les conditions pour tirer le loup afin de protéger leurs activités. Ce plan devra redéfinir les quotas de carnivores qui peuvent être légalement abattus, quotas qui reposent sur les estimations de populations réalisées par l'OFB.
Selon Denise Leiboff, maire de Lieuche dans les Alpes-Maritimes, et issue d'une famille d'éleveurs : "les éleveurs sont pris dans un carcan administratif."
Il est temps de se préoccuper de nos éleveurs parce que si on continue comme ça bientôt ce métier n'existera plus.
Denise Leiboff, présidente de la fédération nationale des communes pastorales.France Bleu Azur ce 11 septembre.
Éviter la psychose
Si on ne peut pas compter précisément le nombre de loups, rappelle Éric Hansen, "nous utilisons une méthode statistique qui permet d'avoir une idée de la population. Celle-ci s'appuie à la fois sur des observations de terrain - installation de pièges photo, pratique du hurlement provoqué dans certains secteurs à la saison de la reproduction pour quantifier le nombre de louveteaux - et d'analyses génétiques de crottes ou d'urine, afin d'identifier un individu." De plus, il paraît utopique d'attribuer à un territoire un nombre précis de loups, car l'espèce est très mobile et se joue des limites administratives françaises.
Aujourd'hui, le loup reste un animal sauvage, mais est présent en milieu urbain. Il vit aux portes de Grenoble, dans le parc des Calanques tout près de Marseille, et potentiellement partout dans le Var. En mars dernier, un loup avait été observé aux portes de Toulon.
Mais s'il se repaît des troupeaux, le loup n'attaque pas l'humain. Entre 1999 et 2020, l'OFB a enregistré 3 880 interactions entre l'homme et le prédateur en France. "Seules 10 interactions étaient hostiles. Et à chaque fois, il s'est avéré que c'était dû au comportement de l'homme. (...) Il n'y a pas de psychose à avoir," glisse Éric Hansen.
En cas de rencontre avec le loup, agissez naturellement. "Dans 99% des cas, c'est le loup qui part de lui-même, signale le directeur régional de l'OFB. Il peut grogner aussi s'il défend sa proie ou ses louveteaux. S'il est acculé, il peut se sentir sur la défensive et il ne faut pas aller vers lui, lui laisser une issue libre."
La réévaluation de la population loup en France intervient quelques jours après une mise en garde de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. "La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme", a-t-elle dit en évoquant une possible évolution du statut de protection du loup au sein de l'UE.