Des éleveurs de Côte-d'Or et de l'Yonne se sont rassemblés ce jeudi 31 août devant l'Office français de la biodiversité (OFB) à Dijon, pour manifester leur mécontentement et demander plus de moyens pour défendre leurs troupeaux face au loup.
En quelques minutes, le parking de l'office français de la biodiversité (OFB) se transforme en cimetière. De la laine couverte de peinture rouge avec des croix jonchent le sol devant l'entrée du bâtiment... Tout un symbole pour des éleveurs mécontents.
"On devait avoir un nombre de loups maximum à 500 sur le territoire, aujourd'hui on est à 1 000. Le loup devait rester dans les montagnes alors qu’il est dans nos départements. C’est bien de donner un budget et de l‘argent pour indemniser mais quelque part, on ne prend pas en compte l’aspect psychologique et la difficulté d’exercer", se plaint Pierre-Olivier Guyard, éleveur dans le sud de l’Yonne, et trésorier de la FDSEA de l'Yonne.
Une cinquantaine de personnes présente
Depuis plusieurs mois, de nombreux éleveurs en Bourgogne voient le loup s'attaquer à leurs troupeaux. Bilan selon la FDSEA : une trentaine d'ovins morts dans la région. Des mesures ont été prises par les autorités, le préfet de la Nièvre a par exemple autorisé le tir létal en cas d'attaque.
Mais cela ne suffit pas aux éleveurs qui se rassemblent decant l'OFB à Dijon afin de manifester leur mécontentement. "L’idée, c’est tenter de mettre la pression, mais vu le nombre qu’on est, la pression ne sera pas très élevée. On s’attendait à plus de personnes présentes. Les gens qui ont des vaches se sentent peu concernés mais si ça continue ça, on sera plus nombreux dans deux trois ans", assure Pierre-Olivier Guyard.
Dans un communiqué, les éleveurs de Côte-d'Or et de l'Yonne demandent l'autorisation de fusionner les tirs de défense eu un seul dans tous les territoires de présence du loup, supprimer le plafond de destruction de 19% et autoriser les éleveurs et chasseurs ayant une formation à utiliser des armes dotées de lunettes à vidée nocturne.
La DDT est descendue pour s'expliquer
Des représentants sont descendus dans la rue pour répondre à certaines questions. La directrice adjointe de la DDT, Nadine Muckensturm, assure que "les services de l’état et l’OFB sont à l’écoute des éleveurs, on a eu beaucoup de discussion de travail sur ce sujet qui préoccupent les éleveurs. On a des conditions très différentes des montagnes. On est bien conscients de ça."
L’action prioritaire est de commencer par les moyens de protection, les chiens, les clôtures. On a fait remonter la question des tirs. Les éleveurs n’ont pas forcément la technicité et l’équipement. L’OFB a formé des personnes pour intervenir à ce sujet.
Nadine MuckensturmDirectrice adjointe de la DDT
"Le préfet est venu à la rencontre des éleveurs de Côte-d’Or à plusieurs reprises", ajoute-t-elle. "Ces différents sujets ont été remontés, le ministère de la transition écologique et le ministère de la souveraineté alimentaire en sont informés. Notamment l’idée que le préfet dans chaque département ait une marche de manœuvre pour pouvoir appréhender en fonction de chaque territoire."
Les traces du loup en Bourgogne
Pour rappel, le loup a déjà beaucoup fait parler en Bourgogne ces derniers mois. En Sâone-et-Loire, un loup a été identifié le 2 juin dernier sur la commune de Marcilly-lès-Buxy. Début janvier, un grand canidé avait été vu à Saint-Rémy, tout près de Chalon-sur-Saône.
Mi-avril, un loup a été identifié à Dompierre-les-Ormes. C'est probablement le spécimen qui a été abattu deux semaines plus tard, début mai, près de Charolles.
Dans la Nièvre, il y a un mois, le 6 mai, deux brebis ont été retrouvées mortes près de Nevers. La préfecture considère que "la responsabilité du loup ne peut être écartée".
Dans l'Yonne aussi, le loup est suspecté de plusieurs attaques récentes. Le 31 mai, nous vous relations le témoignage d'un éleveur de Vault-de-Lugny tout près d'Avallon : il avait perdu un veau et une brebis, et avait retrouvé l'un de ses taureaux blessés.
Et en Côte-d'Or, entre fin avril et la mi-mai, plusieurs cadavres de veaux ont été retrouvés dans l'Auxois, autour de Précy-sous-Thil.