Le gel a détruit près de 70% des petites feuilles de vigne dans les vignobles de Branceilles. La production sera quoiqu'il arrive en baisse en 2024. Les vignerons craignent pour leur avenir.
Depuis vendredi, Séverin Noël arpente ses vignes et constate les dégâts à Branceilles. Vendredi 19 avril 2024, la température est tombée à -3 degrés dans la nuit. Sa vigne était déjà en feuilles et n'a pas résisté. L'intégralité de ses 40 ares de production ont été brûlés par le gel.
Les quelques jours de chaleurs que l'on a connus ces dernières semaines, ont fait monter la sève dans les végétaux qui ont pris quinze jours d'avance.
Installé depuis 2015, Séverin Noël cumule un emploi de salarié et son activité de viticulteur. Il pensait se consacrer uniquement à sa passion à partir de l'an prochain. Malheureusement, ce nouvel événement climatique vient compromettre ses projets.
Je me demande si la monoculture en vigne est encore possible sur les coteaux de Branceilles.
Séverin NoëlPropriétaire de l'appellation Château Copain
Système antigel
Le vin qu'il produit est à la fois fruité et tannique, "comme un cépage bordelais, mais avec les caractéristiques d'un vin du sud-ouest".
Séverin Noël vend ses bouteilles à dix euros. Dans ces conditions, sa marge de manœuvre est faible et il serait compliqué, pour lui, d'investir dans un système limitant les dégâts provoqués par le gel : "L'installation de bougies à la paraffine me coûterait 2500 euros par hectare pour deux nuits. Cet épisode de gel m'aurait donc coûté 5000 euros pour un résultat qui reste aléatoire. Et à plus de dix euros pièce, pas sûr que je vende mes bouteilles".
Un vin en danger
Les trente hectares de la coopérative 1001 pierres ont, eux aussi, été touchés par le gel. Ce mardi 23 avril au matin, 60 à 70 % du vignoble étaient impactés. Pour Philippe Leymat, président de la cave de Branceilles, "Ça se joue à rien, juste quelques mètres d'altitude, mais à l'heure qu'il est, il est compliqué de connaître l'impact réel du gel".
Car de nouveaux bourgeons pourraient pousser et remplacer les feuilles endommagées. Ces contre bourgeons seront quoiqu'il arrive moins productif que les premiers, et au final, la production devrait baisser lors des prochaines vendanges.
Ce qui pose question, c'est la chronicité de ces évènements météo. On a gelé cinq fois, puis on a eu le mildiou. C'est plus d'aléa qu'en 34 ans d'existence de l'appellation".
Philippe LeymatPrésident de la cave de Branceilles
Si les vignerons ont l'habitude de courber l'échine et faire avec un ciel plus ou moins clément, ceux de Branceilles commencent à comprendre que leur avenir pourrait être compromis.
C'est pourtant sous l'impulsion de plusieurs passionnés que les vins de Branceilles ont ressuscité après avoir été victimes du phylloxéra à la fin du 19ᵉ siècle.