Paroles d'anciens : France 3 Limousin part à la rencontre de nos aînés. Nos parents, grands-parents ou arrière-grands-parents. Ils sont la mémoire de notre société. A Monceaux-sur-Dordogne, dans le sud est de la Corrèze, rencontre avec Albert Borie, un agriculteur à la retraite.
Il a maintenant 93 ans. Albert Borie vit à Monceaux-sur-Dordogne, non loin d'Argentat, dans la ferme qu'il a toujours connue. Il se souvient, dans sa jeunesse et de la manière dont il travaillait à l'époque.
"On faisait le veau sous la mère. Avec les quelques bêtes, on pouvait pas arriver à vivre. avec les cochons on arrivait à vivre. On vivait. Avec les moyens qu'on avait ! Il fallait bien mettre les choses en place, on travaillait à la main. A l'époque, c'était normal, tout le monde faisait comme ça."
Dans les années 50, après la guerre, la mécanisation arrive. Albert se souvient des premiers tracteurs, "des petits "Pony", essence".
Il n'a de cesse alors d'avoir son engin à lui : "Achète-moi un tracteur, dis achète-moi un tracteur". Voilà une demande qu'Albert Borie aura ressassée auprès de ses parents. Et cela a fini par payer, il a fini par l'avoir son tracteur, lui qui avait appris à labourer les champs en attelant deux vaches à sa charrue.
Un tracteur "avec charrue alternative et barre de coupe, merveilleux".
Pour autant, l'évolution de la profession n'aura pas finalement amélioré sa situation. En philosophe, du haut de ses 9 décennies d'expérience, il trouve même que le jeu n'en valait pas forcément la chandelle.
Le tracteur ? C'est pas ça qui nous faisait coucher plus tôt ou lever plus tard !
Albert Borie, agriculteur retraité
"On avait des ambitions, un matériel qui nous plaisait, mais c'est pas ça qui nous faisait coucher plus tôt ou lever plus tard. Non."
Lui qui a repris la ferme de ses parents avant de la transmettre à son fils, estime que finalement, rien n'a vraiment évolué.
"Aujourd'hui les jeunes qui écoutent les réclames, les marchands de machines agricoles, ils en ont jusque-là", dit-il en mimant le geste de celui qui va bientôt se trouver pris à la gorge. "Maintenant on s'est aperçu qu'on vit encore plus mal, on est toujours à la course des euros et jamais on a fini de payer."